Huit et Neuf queues. [Privé: Ouranos]

[Désolé pour le retard de réponse mais avec une télé à côté et un film avec des hurlements idiots, bonne chance pour faire un texte censé ^^"]

Jamais je n'avais ressentis une telle chaleur. Soufflant, peinant, écartant mes mèches tombantes qui me piquaient les yeux, j'escaladais le sol brûlant du volcan. Mon ascension était entrecoupée par de petites chutes provoquées par les cailloux tranchants du sentier mais je continuais courageusement ma montée vers la vérité.
Une pierre particulièrement aiguisée se planta dans l'une de mes pattes et je m'affalais sur le sol. Les autres pierres en profitèrent pour me labourer la peau du ventre. Alors, je perdis mon Sang-Froid. Je me relevais d'un bond, ignorant la douleur parcourant tout mon corps qui amplifiait ma rage envers le moment présent, envers moi et envers ma race, les Feunard. D'une voix forte, je sifflais ma fureur :

Bon ! ... Mais enfin, qu'est ce qui m'a pris d'écouter ce Xatu ?! Ma Vérité, tu parles ! Ce n'était qu'un pokemon arrogant devant qui j'ai eu assez de naïveté pour lui raconter ce qui m'était arrivé. Que je...cherchais...quelqu'un...Je ne sais pas qui...

Je baissais la tête. Sans le vouloir, j'avais pensé à Yosei, la belle Feunarde qui m'avait démontré que tous les Feunard n'étaient pas des monstres. Et depuis, je doutais de tout. De moi, des autres, de mon existence et de mon destin. Je me cherchais moi-même et je tournais en rond, comme un Skitty essayerait d'atteindre sa queue. En un mot, j'étais perdu.
Je déglutis. Avant, ma vie me semblais tellement plus simple...Lorsque je détestais les Feunard et les humains, sans me poser d'autres question que ce que j'allais manger demain pour survivre. Depuis mon arrivée sur l'île, j'avais l'impression d'être aussi isolé que ce morceau de terre.
Un bruit interrompit mes pensées morbides. Un craquement, un roulement, les gravas de roche à mes pattes qui se soulèvent à rythme régulier et enfin, une petite forme rouge dévale le long de la pente. Mordant la poussière, s'écrasant sur le museau, le pokemon me semblait plus rouge de sang que de couleur naturelle. Et surtout, trop faible pour s'arrêter de descendre la pente trop abrupte. D'un bond, je me mettais en travers de sa route, près à l'intercepter quand un gros rocher atterris avec fracas sur le sol, à la suite du pokemon. Le poids de la roche me fis soulever de terre et je glissais un instant en compagnie du pokemon que je reconnus enfin en tant que Goupix. Le pauvre pokemon avait les yeux vitreux et était entre le conscient et l'inconscient. Lui, il ne pouvais pas s'arrêter mais moi si. Je sortis mes griffes qui crissèrent contre la roche du volcan, me freinant juste assez pour me permettre de rattraper le Goupix avec mes queues. Oui ! J'avais réussis !
Je laissais échapper un cri de douleur quand le rocher écrasa l'une de mes queues. Mes autres queues lâchèrent le petit Goupix qui continua à dévaler la pente en compagnie du rocher. Zut ! Toujours agrippé à la face rocheuse du volcan, je regardais avec effroi le pokemon s'écraser sur une plateforme, plusieurs mètres en aval. Le rocher le suivis avec un bruit mat.
Je rejoignis la plateforme de quelques bonds gracieux et m'approchais du Goupix, inconscient. Quel spectacle désolant...Un morceau de bambou écrasé, une sacoche éventrée et une...pierre feu gisant à quelques enjambées de là. Sans parler du Goupix avec sa patte coincée sous le rocher. Malgré moi, je soupirais de soulagement. Quel miracle que le rocher n'aie pas été plus loin. Je poussais la masse qui dévala encore plus bas. L'état de la patte était alarmante. Je me mis vite aux soins. Fouillant dans le sac du Goupix, je trouvais diverses baies dont des baies Algua. Bien, cela remplacera la consistance des vraies algues. Et j'imagine qu'il ne m'en voudra pas si je lui empruntais encore quelques baies...Surtout si c'est pour éviter qu'il devienne infirme à vie...
J'appliquais la purée de baie Oran sur les baies Algua et j'entourais la patte blessée. Je pris un morceau du bambou, malheureusement irrécupérable et je l'attachais au cataplasme en guise d'atèle. Le reste de la purée, à part celle qui avait déjà commencé à soigner ma propre patte, je réussis à la lui faire avaler. Une fois cela fait, je m'effondrais sur le sol, épuisé et j'observais le renard. Je n'avais jamais vu un Goupix avec autant de queues. D'habitude, ces derniers évoluent dès leur 5eme division finie(6 queues). Enfin, je peux parler. Moi, refusant d'évoluer, j'avais atteins 7 queues lorsque j'y avais été contraint. Mais ce Goupix...Si je n'avais pas vu la pierre Feu qu'il avait dans sa sacoche, je n'aurais jamais imaginé qu'il veuille évoluer. Pourquoi attendre tant de temps ? Après tout, les divisions nous procurent une douleur désagréable lorsqu'on est Goupix et si évoluer il veut, autant le faire tôt. De toute façon, je ne comprend pas pourquoi il veux évoluer en Feunard. Renoncer à sa magnifique couleur orangée et prendre l'apparence d'un renard maudit, voilà quelque chose que je ne pouvais accepter. Je fus tenté de faire glisser la pierre Feu le long de la pente pour la perdre à jamais mais je me ravisais. C'était un geste méchant et égoïste et je deviendrais comme mes parents si je lui jouais ce tour. Non, vraiment, je ne savais pas ce qu'il m'avait pris de penser ainsi.
J'imagine que le Goupix était maintenant hors de danger et que sa chute lui avait juste enlevé ses dernières forces. Il mettrait sûrement du temps à se réveiller. Repose-toi, mon gars...
Je posais une patte sur lui pour vérifier sa respiration. Elle était régulière. Je me redressais et me mis à attendre.

Cela faisait maintenant bien des heures que j'attendais un mouvement de la part du Goupix inconscient. Ma patience n'était pas encore entamée que la tombée de la nuit m'offrit le spectacle le plus beau qui n'aie jamais existé sur terre. Un ballet d'étoiles, chaque astre lumineux apparaissant à mesure que le soleil se retirais derrière l'horizon. Et le croissant de lune ne procurais guère plus de lumière que si elle n'était pas présente dans les cieux, ce qui ravivait la magnificence des étoiles. Oui, j'étais bien capable de fixer ce plafond étoilé toute ma vie, sans jamais détourner mon regard de la lumière des astres qui évoquaient pour moi un monde parfait qui existait, peut être, quelque part. Maintenant, toute mon attention était tournée vers le ciel et je ne vis pas la flammèche que sortit le petit renard derrière moi.
Les pattes engourdies à force d'être resté immobile tant de temps, je m'allongeais sur le sol, grognant de la douleur que me procuraient mes plaies et mes écorchures sur le ventre. Sitôt installé, une voix se fit entendre dans mon dos, faisant hérisser mes poils de surprise. Une voix posée mais qui recelait un ton défensif.

"Qui êtes-vous? Montrez-vous!"

Je me retournais pour voir mon interlocuteur même si je me doutais bien de son identité. En effet, le Goupix était maintenant bien réveillé et me regardais avec insistance. Sa pierre Feu émettait un faible éclat lumineux comme pour indiquer que son possesseur était bel et bien vivant.
Je ne pu m'empêcher d'observer de nouveau ma base. Je parcourus du regard tout son corps, du poil souple et ocre de son pelage aux mèches rebelles sur son front pour enfin remarquer sur le bout de chacune de ses queues, des points noirs qui semblaient absorber le peu de la lumière environnante. Simple illusion d'optique, évidemment.
Je détournais mon attention de cette étrange démonstration de ce que la nature peut faire pour enfin répondre à mon interlocuteur :

N'ayez crainte, jeune Goupix. Je me nomme Ouranos et je n'avais nullement l'intention de me cacher ou de vous faire du mal. Vous avez eu une drôle de mésaventure au sommet du volcan. Un rocher qui nous tombe dessus, ce n'est pas tout les jours que l'on vit ça...Au fait...

Je ramassais l'autre morceau de bambou troué qui avait été massacré par le rocher, tout autant que la patte du Goupix et le lui montrait.

...je crois que c'est à vous. Je suis désolé...

Je m'arrêtais un instant de parler, le laissant peut être réaliser tout ce qui c'était passé et je reprenais la parole ensuite, poussé par une curiosité inconnue.

Hum...Je ne vous ai pas encore demandé votre nom...

Tout son désespoir, je l'avais ressentis. Pas seulement à travers ses paroles, mais aussi à travers sa voix douloureuse et son visage qui exprimait la pire chose qui pouvais nous arriver ; Perdre le dernier espoir de la vie, auquel on s'accrochait désespérément pour ne pas sombrer dans l'oubli.
Son espoir, c'était son bambou. Ou plutôt, l'objet de son espoir. Comme moi, avec les étoiles. Je les aimais, comme je n'aimerais jamais personne, sans pourtant savoir ce qu'elles m'apportaient. Vulpes était tout autant attaché au bambou. Attaché à la musique qu'il pouvait en tirer, lui bandant les plaies du coeur dans les moments incertains, qui devaient être nombreux dans sa vie. Sans la musique, il ne pouvait plus rien espérer.
C'était ce que j'avais lu en lui et compris dans ses paroles. Comment ? Je ne le savais pas moi même.
Ce petit Goupix perdu dans l'immensité du monde, ne sachant que faire, ne sachant à qui se confier, il me rappelait cruellement quelqu'un. Oui, j'avais l'impression de me voir, regardant ma maison natale, par dessus mon épaule, avec un sentiment de regret, de "pourquoi moi ?" pendant que mes propres parents et leur dresseur me foudroyaient du regard.
Ha ! Quelle ironie du sort ! Une fois de plus, mon passé me rattrapait. Tous les Goupix sont-ils aussi malchanceux ? Vulpes, Yosei, moi...Qui d'autre, encore ? Tsss, t'es fichu mon pauvre Ouranos si tu penses comme ça. Pessimiste, va !
Je posais mon regard sur la pierre Feu de Vulpes. Le minerais orangé semblait se moquer de moi. Impression idiote car ce n'est qu'un vulgaire caillou. Mes yeux remontèrent jusqu'au Goupix meutrit. Le regard vague, yeux écarquillés, sans ciller, il m'avait tout l'air de...de Personne. Non ! Je ne pouvais supporter voir quelqu'un dépérir devant moi ! D'abord doucement, puis avec de plus en plus d'assurance, je répétait :

Vulpes...Vulpes..Vulpes. Vulpes !

Il ne pouvait pas renier son identité. S'il faisait ça, il était perdu. Quelqu'un qui n'a plus d'identité n'a plus rien. Et déjà qu'il n'avait pas grand chose...

Vulpes, tu es Vulpes. Tu ne l'étais pas. Tu l'es toujours. Ressaisis-toi ! Pense à l'avenir. Tu ne peux pas abandonner maintenant. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé dans ta vie pour que tu sois ainsi mais la musique de ton coeur ne peut pas s'éteindre aussi facilement, en même temps que celle de ton bambou. Cela relèverais de la faiblesse. Les Goupix ne sont pas faibles. Et tu le sais.

Je m'interrompais. Tout mon corps était tremblant d'émotion. Je n'allais pas le laisser devenir comme moi. Je n'avais eu personne pour m'épauler dans les moments difficiles et il fallait que je remplace celui qui avait manqué dans ma vie et dont il avait profondément besoin.