Zoo Zumains Zoroark

- Tu sais ce qui manque à cette île ? Non, bien sur que t'en sais rien mais on ne peut pas t'en vouloir, tu passe ta journée dans une boite numérique et tu n'en sors que pour écouter ton dresseur névrosé. J'me demande comment tu fait pour pas être déprimé en permanence. Je veux une bonne grosse biture, tu comprends ? Du venin dans les veines, et bien entendu je tombe sur une île où on trouve pas le moindre tox'. Je hais le paradis, mais toi je t'aime bien. Pas parce que t'es mon seul ami, ni parce que t'écoutes tout ce que je dit quand je délire tout seul dans mon coin, mais parce que ta petite mèche de poil te donne un petit air mignon.

Il grattouilla délicatement la fourrure de son absol. John le regardait, assit dans l'herbe, le pokémon c'était rapidement habitué aux phase de dépression de son dresseur. Il lui lécha les doigts, ces derniers étaient légèrement alcoolisé, son maître avait dû y renverser quelques goûtes de liqueur.

« Désolé, mais là t'es entrain de draguer ton pokémon, encore... »
- La ferme !

Il s'exprimait à voix haute quand il parlait à la voix dans sa tête. Se faisant il donnait une raison de plus aux communs des mortels de le fuir. Il sauta sur ses pieds et contempla la ville en contre-bas. L'air frai lui balaya les cheveux.

- On est plus en ville ?
« Non »
- On est sur une colline d'herbe verte ?
« Yep »
- Comment on est arrivé là ?
« T'as bu, tu t'es battu avec un gars, tu t'es fait sortir du bar, t'as marcher, tu t'es endormit dans l'herbe, t'as ronflé, t'as vomit, t'as re-ronflé, tu t'es réveiller, t'as sortit John de sa boite et tu t'es mit a discuter avec. »
- C'est bien ce qu'il me semblait...
« Ha? »
- Oui, y'en a marre de l'alcool, me faut une seringue.
« Tu sais ce qu'il te faut ? »
- Une seringue, je viens de le dire.
« Nan »
- Si, et parle français !
« No, il te faut une fille »
- Pas assez distrayant.
« Essaye bordel ! À ton âge faut se faire dégorger »
- On fait un deal, j'trouves une dame. Si ça marche on fait notre affaire et on va se biturer.
« Et si ça marche pas ? »
- Bah... va me falloir un remontant pour me remettre de mon râteau.
« Boje moï »

Sur ces bonnes paroles Wade s'étira et bailla lentement.
- Alors Johnny, ça s'attrape comment une fille ?
Le pokemon se contenta de pousser un léger glapissement.
- Tu m’aides pas là.

La nuit avait enveloppé la ville de ses ténèbres abrutissantes. Pris comme des rats dans cette toile de l'enfer, tous les habitants de Shi étaient temporairement tombés aux griffes de leur inconscient, et ronflaient sagement en faisant de jolis rêves, plus ou moins racontables.

Erylis, comme à son habitude, déambulait dans les rues, ombre silencieuse à la recherche de son charnel sommeil. À ses côtés, le légendaire Suicune, sur lequel était enroulé un élégant Draco. Ils connaissaient la ville comme leur poche et pourtant, ils laissaient leurs pas les porter depuis plusieurs heures, dans l'espoir de se perdre, de trouver l'inconnu, de fuir les situations routinières qui ne les lâchaient pas. Peine perdue, évidemment. Si cela continuait, il allait falloir jouer au lancer de couteau avec le destin, et peut-être qu'enfin cette chose capricieuse se montrerait plus coopérative. Malheureusement elle n'existait pas, et les lames continuaient à siffler dans le vide, encore et toujours, dans l'espoir d'enfin trouver quelque chose à sculpter, à taillader, mais l'espoir, il n'en restait plus grand chose, à vrai dire.

Erylis s'arrêta brusquement, et les divagations de la personne bizarre du dessus avec. Elle s'adossa contre un mur en jouant avec son poignard, lasse. Dans son regard émeraude se lisait une rage désespérée, comme si elle avait toujours été là. La jeune femme fixa longuement sa lame et eut un rictus désabusé. Non, ce ne serait pas pour ce soir. Encore une fois. Encore et toujours. Redondances, mes meilleures ennemies.

N'y avait-il vraiment personne dans ces ténèbres sans issue ? Non, probablement. Ils étaient à la fois horriblement et délicieusement seuls. La solitude est une sublime horreur, et le brave Honoré doit se retourner dans sa tombe à l'heure qu'il est. Dors, sale petit mort envieux, ne vois-tu pas que les vivants te jalousent ?

Ce furent cette fois des bruits qui interrompirent ces réflexions.. Inqualifiables. Des éclats de voix, qui venaient d'en haut, non je ne parle pas de Jésus venu faire s'étouffer une innocente bergère de... Surprise, sans doute, non je ne parle pas de ce gai luron, mais d'une voix bien humaine. Erylis lança un regard à ses Pokemon, et désigna la colline qui les surplombait. Ils hochèrent la tête et la jeune femme commença à marcher d'un pas rapide mais toujours silencieux. Pourquoi se rendre vers cette éventuelle source d'ennuis ? Pas de réponse, comme d'habitude. Lorsqu'un semblant de but nous est offert, on l'accepte sans discuter, et on essaie sans réussir de s'en contenter.

Puisqu'il le fallait bien, la colline fut gravie. Y étaient assis un quadrupède Pokémon à corne, et son dresseur à côté, sûrement. Ce dernier se livrait à un monologue qui n'était pas des plus reluisants. Qu'est-ce qu'Erylis était venue faire là ? Rien, comme toujours ? Elle demeura immobile, debout, en attendant que Rien daigne lui donner une réponse.

- Je regarde passer les zumains de ma rue. Un peu comme on reluque au zoo les zébus. Triés, normalisés, fonctionnels, uniformes. Avec leurs initiales gravées sur leurs condoms. Et que vois-je dans ce monde ? Encore une de ces créature immonde ? Non, il y a ces yeux taillés dans du verre cathédrale et ces hanche qui me disent : Johnny fait moi mal.
« Bravo la référence. »

Plus bas une femme l'observait, elle semblait calme et sûr d'elle, ses pokemons semblait tout aussi enclin à la sérénité. Wade fit quelques pas vers eux et s'arrêta net. Elle n'était pas si sûr d'elle, elle avait le sang chaud et était prête à bondir sur lui en cas de danger. Il leva la main en signe de paix

- Je vous dirais bien que je suis ravis de vous voir, mais je n'aime guère la compagnie. Aussi je me contenterais de simple formalité, ne nous étalons pas en salamalecs. Vous pouvez m'appeler Doctor Holmes si l'envie vous viens de taillez un brin de causette. L'absol ici présent se nomme John.

Le pokémon s'inclina comme on le lui avait apprit et vint se placer au cotés de son dresseur.

« bah, voilà une fille »

Wade secoua la tête pour chasser la voix qui y causait. Puis il reporta son attention sur la dame au yeux vert. Que faisait elle seule e t de nuit ? Son instinct lui disait de se méfier, les filles étaient toujours source d’ennuis -surtout les jolies que l'on rencontre la nuit- mais il ne pouvait s’empêcher de prendre le risque. Cela pouvait être divertissant, peut être même intéressant. Après tout c'était pour cela qu'il était venu à Shi, pour ce changer les idées et se divertir.

Elle demeurait en retrait, attendant certainement le déluge. Suicune et Jilano étaient juste devant elle, observant ce qui était un Absol. Soudain, une semie réponse sauvage apparut. L'homme leva la main comme en signe de paix, et Erylis se figea. Qu'etait-elle venue faire ici ? Elle fixa l'homme de son regard perçant, comme en ultime défense, comme une barrière. Mais se défendre contre quoi ? Après tout, c'était elle qui l'avait rejoint sur cette foutue colline.

Je vous dirais bien que je suis ravi de vous voir, mais je n'aime guère la compagnie. Aussi je me contenterais de simples formalités, ne nous étalons pas en salamalecs. Vous pouvez m'appeler Doctor Holmes si l'envie vous vient de tailler un brin de causette. L'absol ici présent se nomme John.

Sur ces dires, l'Absol vint s'incliner. Erylis demeura silencieuse. De par ses paroles, le personnage ne lui semblait pas déplaisant, franc et affectionnant sa solitude, tout comme elle. Cependant... Comment pouvait-on se montrer sociable dans sa solitude ? Non elle ne l'appellerait pas Doctor Holmes, non elle n'avait pas envie de "tailler un brin de causette". Mais pourquoi être venue ici alors ? Erylis désira s'évanouir dans la nuit, s'éclipser en devenant ténèbres. Elle posa une main sur la fourrure de Suicune, maudissant ses instants d'errance. Elle qui était si stoïque, avait tout de même des failles. Et elle haïssait cela. Son regard revint au dénommé Holmes et enfin des sons sortirent de sa gorge :

Bonsoir... Ryla, se contenta-elle de dire.

Cela suffisait, non ? Elle n'avait pas réellement grand chose à dire, mais il fallait bien dire quelque chose. Ryla Vernes, dix-neuf ans, jeune fille sans histoire. C'est ce qu'elle s'efforçait de paraître. Elle tenta d'adopter une expression un peu plus insouciante, de masquer ses traits crispés et ce qui, chaque nuit, la poussait à arpenter toutes les rues de Shi jusqu'à l'aube.

Erylis, quand même... lui dit Suicune d'une voix douce.

Erylis, qui pouvait dialoguer avec ses Pokémon, croisa son regard et hocha la tête. Elle reprit la parole afin de présenter ses compagnons :

Et voici Suicune et Jilano, ajouta-elle.

Erylis s'assit dans l'herbe, et Suicune se mit sur le ventre, à côté d'elle, observant paisiblement les environs, l'interlocuteur d'Erylis et son Absol. La jeune femme recommença à jouer avec sa dague, manie de toujours chez elle, sans vraiment s'en rendre compte. Elle jeta un regard au dénommé Holmes et réprima un soupir. Autant dire quelque chose, maintenant qu'elle avait fait l'erreur de venir :

Dites moi.. Qu'est-ce qui vous a amené ici ?

« T'as trouver une gonzesse qui cause moins que toi. Comment tu fais ! Regarde la, elle est terrifiée, pas parce que t'en impose, mais parce que t'es un zumain. Elle se recroqueville sur elle même comme un nourrisson qu'on électrocute. Balances y un coups de jus pour la faire tilter. »

Wade resta planté debout le regard dans le vide. Sa respiration calme était presque inaudible dans la nuit. John se frottait contre ses jambes.

- Ce que je fait ici ? Disons en toute simplicité que je cherche à rompre l'interminable train-train quotidiens qui m'ennuie à mourir, et la lune donne à John un teint brillant fort agréable à regarder.

D'un geste de la main il désigna le ciel, les étoiles, son pokemon et l'herbe verte.

« Complimente plutôt miss asocial... put*** qui m'as foutu dans le crane d'un chtarbé pareil ? »

Il fit quelques pas en avant et s'accroupit au côté de Ryla.

- Et que fait une charmante étrangère par ici ? Que dissimulez vous derrière ses grands yeux vert ? Ryla, c'est bien ça que vous avez dit ? Je ferais abstraction de se petit mensonge si vous...
« Tu vas dire une connerie »
- ...acceptez d'être ma cavalière pour la nuit.
« C'est encore pire que ce que j'avais prévu »

Sur ce il se releva et se mit a fredonné un aire de Java en tendant sa main vers Ryla. Il ne savait pas trop ce qu'il faisait, mais agir de façon aléatoire et stupide avec quelque chose de drôle et de distrayant.

« Tu oublis un détail »

Il s'efforça de rester concentré sur son interlocutrice.

« Tu chante juste, tu connais tes valse par cœur »

Une boule apparu dans son ventre, et il devina le problème avant que l'autre l’énonce :

« Tu ne sais PAS danser »

Il haussa mentalement des épaules. Il avait vu faire des dizaine de fois, à la TV, au petit bal du samedi soir, dans les bars. Ça n'avait pas l'air bien dur. Il y arriverait ou... NON, il y arriverait coûte que coûte.
"N'est-ce pas merveilleux que de ce sentir piégé?"

Ce que je fais ici ? Disons en toute simplicité que je cherche à rompre l'interminable train-train quotidien qui m'ennuie à mourir, et la lune donne à John un teint brillant fort agréable à regarder.

Lui aussi était venu tromper l'ennui à sa façon... Combien étaient-ils donc, ployant sous le dos de cette chimère infernale ? La vie se résumait donc à cela, tromper l'ennui, le plus vite possible, ne serait-ce que pour un court instant, toujours cette fugue désespérée, qui ne réussissait jamais.
Erylis, le regard posé sur son interlocuteur, eut un sourire amer. Holmes, d'un geste, désigna tout ce qui les entourait, puis il s'approcha de la jeune femme et s'accroupit à côté d'elle. Erylis se retint de prendre ses distances, mal à l'aise. Il n'était jamais évident de voir sa bulle de solitude éclater..

Et que fait une charmante étrangère par ici ? Que dissimulez-vous derrière ces grands yeux verts ? Ryla, c'est bien ça que vous avez dit ?

Erylis eut malgré elle un mouvement de recul. Pourquoi toutes ces questions ? Elle n'était pas sensée susciter toute cette curiosité. Il était vrai qu'elle n'arriverait jamais à ressembler à une personne des plus ordinaires, mais tout de même... Elle sentait l'identité de la jeune Ryla mise à mal, son éternelle protection qui faiblissait. Furieuse contre elle-même, elle se maîtrisa tant bien que mal. Elle n'était pas aussi faible, tout de même ! Perdre le contrôle ne lui était pas autorisé. Holmes ne savait et ne saurait rien, de toutes façons.

Je ferais abstraction de ce petit mensonge si vous... Acceptez d'être ma cavalière pour la nuit.

Erylis se raidit alors. Percée à jour, tout de suite. Mais comment.. ? Son regard émeraude, devenu tumultueux, se planta dans celui de Holmes. Il avait immédiatement fait voler sa fausse identité en éclats. Qui était-il donc ?
La jeune femme fut aussi déconcertée par sa proposition. Celui qui, il y avait quelques minutes, lui exprimait sa préférence pour la solitude ? Elle essaya de se calmer, de reprendre contenance, et d'enfin décider quelle attitude adopter.
La jeune femme fut alors tentée de se servir de sa lame, pour en finir avec tout ce désordre, cet étrange personnage si clairvoyant. Elle s'enfuirait ensuite dans la nuit, qui aurait englouti son meurtre.. Mais non, elle rêvait. Erylis ne se voyait absolument pas tuer cet Holmes, elle défendait peut-être activement son anonymat, mais elle n'était pas une meurtrière, et son idée lui parut si incongrue qu'elle la raya mentalement aussitôt.

Holmes était debout, fredonnant un air de java, la main tendue. Erylis, se relevant, la saisit. Elle ne savait plus très bien ce qu'elle faisait, mais c'était comme cela depuis qu'elle errait seule dehors. Son poignard était resté dans l'herbe, l'alarme s'était éteinte, Ryla pulvérisée avait terminé de la hanter.

Avec plaisir, répondit-elle, malgré l'envie de fuir.

« Moi j´aime bien chanter la racaille,
la mauvaise herbe des bas-quartiers,
les mauvais garçons, la canaille,
ceux qui sont nés sur le pavé.
J´ai bien du mal à les chanter
tell´ment qu´elles sont tristes mes histoires,
mais celle que j´vais vous raconter,
elle fait même pleurer ma guitare. »

Les deux corps tanguaient maladroitement au rythme des fredonnements de Wade. Aucun des deux protagoniste ne semblait vraiment savoir danser, mais ils s'en donnaient à cœur joie. Ils finirent même par se laisser aller, du moins un minimum.

« Sa mère l´avait eu un beau soir,
alors qu´elle s´y attendait pas,
il est né près des grands boul´vards,
sur le pavé humide et froid.
Il a jamais su l´nom d´son père,
puisque sa vieille vingt fois par jour,
pour dix sacs s´envoyait en l´air,
dans un boxon d´la rue du Four. »

Ils ne disaient rien. D’ailleurs, ils n'avaient rien à ce dire. Le docteur avait sentit la détresse de Ryla quand elle avait comprit. Ça l'amusait, il lisait en elle depuis le début, et elle, elle continuait à faire semblant. Pourquoi les gens ne s'avouaient-ils pas à eux même qui il étaient et pourquoi ne le montraient ils pas fièrement. Wade, par exemple était un connard sociopathe égocentrique, et il en était fier, il ne le cachait pas, loin de là.

« Après avoir quitté l´école,
où qu´y s´est pas trop attardé,
il s´est mis dans la cambriole,
avec ses copains de Saint-Mandé.
Il a voyouté quelque temps
avec Dédé-le-Surineur,
avec Julot-d´Ménilmontant,
et toute la bande du Sacré-Cœur. »

John, qui jusqu'à présent était resté sagement assit dans l'herbe sauta sur les pattes et se mit à grogner. Aussitôt Wade ralentit la cadence, scrutant les alentours. Il ne voyait rien, mais Le suicune de Ryla semblait tout aussi inquiet.

« Il commençait à s´faire un nom,
et dans les petits bals musette,
lorsque jouait l´accordéon,
on voyait tourner sa casquette.
Il butta son premier larron
alors qu´il avait pas vingt ans,
le crime c´était sa vocation,
l´arnaque c´était son tempérament. »

Il mena la danse en direction du poignard planté dans le sol. Il risquait d'en avoir besoin, les nuits de Shi n'étaient pas toujours joyeuse. Parfois le sang giclait et des corps tombaient, comme n'importe où. Il aperçu une ombre derrière un arbre, puis une deuxième.

« Dans l´quartier où i´f´sait son beurre,
y a des gens qui l´appelaient Monsieur,
mais les flics ces petits fouineurs
ne le quittaient jamais des yeux.
Quand il a eu un peu trop d´sang
sur ses doigts couverts de bijoux. »

- ils l´ont ficelé sur du bois blanc et ils lui ont tranché le cou.

Il arrêta sa danse et se pencha pour se saisir de l'arme.

- Vous qui êtes planqué dans l'ombre, montrez vous. Il n'est pas sain d'épier de sain danseur sous la lune.

Il fit tourner l'arme dans sa main. Trois silhouette encapuchonnées sortirent de l'ombre. Elles étaient toute de noir vêtus et un ''R'' rouge resplendissait sur leurs torses. Deux homme et une femme. Ils lancèrent au duo des regards qui se voulaient intimidant. Par réflexe Holmes se plaça en avant. La femme prit le parole.

- Sorry, nous ne voulions pas interrompre un si joli tableau, mais nous avions un travail a finir. Nous somme..
- La Team Rocket et vous voulez le suicune de mademoiselle Ryla. Je sais, c'est évident. Mais vous allez me faire le plaisir de déguerpir.

Le groupe de criminel resta incrédule. Ils regardèrent et lancèrent leurs pokéball. Dans un éclat rouge trois pokemons apparurent. Un Florizarre, un noctali et un cacturne. Wade jeta un rapide coup d’œil au trois pokemons et soupira. Les adversaire n'avaient pas la moindre technique, il trouvait ça stupide et pitoyable.
- John ? J'ai la flemme. Tu t'en occupe tout seul ?
Le pokemon lâcha un glapissement affirmatif et se plaça en position d'attaque.

Ils se stoppèrent net lorsque Holmes remarqua les ombres qui les épiaient. Erylis s'en était rendue compte, elle aussi, et voulut se pencher pour récupérer son poignard. Cependant, il n'était plus dans l'herbe, c'était Holmes qui s'en était saisi.. Voyant la lame tourner dans sa main, Erylis se mordit les lèvres en tentant d'étouffer la colère naissante.
Trois silhouettes surgirent alors, arborant l'uniforme de la.. team Rocket. Cette engeance ! Que leur voulaient-ils ? Erylis soupira. Il y avait un Pokémon légendaire, ici, évidemment... Suicune, menaçant, vint se placer à ses côtés. Il ne se laisserait pas capturer.
La jeune femme, confiante, se préparait déjà à mettre hors d'état de nuire ces trois joyeuses marionnettes. Lorsque Holmes, son arme à la main, se plaça devant elle, Erylis frémit d'exaspération. Elle aussi avança d'un pas, tandis que la seule femme du trio, qui semblait en être la meneuse, prenait la parole :

Sorry, nous ne voulions pas interrompre un si joli tableau, mais nous avions un travail à finir. Nous sommes...

La team Rocket et vous voulez le Suicune de mademoiselle Ryla. Je sais, c'est évident. Mais vous allez me faire le plaisir de déguerpir, la coupa Holmes.

Le trio en fut dérouté. Après un instant de flottement, ils lancèrent chacun une pokéball, un Florizarre et un Cacturne pour les deux hommes, et un Noctali pour la femme. Suicune et Jilano s'apprêtaient déjà à lancer l'offensive. Sur un étonnant ordre de son maître, John l'Absol fit de même. Mais sur les lèvres de la meneuse Rocket se dessina un sourire mauvais :

Oh.. Mademoiselle Ryla ? Mais comment pouvez vous parler ainsi de sa majesté Erylis d'Émeraude ? demanda-t-elle sur un ton ironique, en singeant une révérence.

Non. Comment se pouvait-il.. ? Comment cette femme pouvait-elle savoir ? Visiblement, elle était la seule, car ses deux compagnons semblaient l'un aussi éberlué que l'autre. Erylis la foudroya du regard. Pour l'instant, peu importait comment cette peste était au courant. Elle n'allait plus pouvoir parler longtemps. Tandis que Suicune et Jilano s'occupaient de leurs adversaires, la jeune femme palpa sa manche et eut un sourire. Cachée, la fidèle lame attendait. Tout en s'approchant de la Rocket girl, elle lui parla d'une voix doucereuse :

Vos marques de respect me touchent...

Les deux hommes étaient absorbés dans le combat. Ils donnaient tant bien que mal des ordres à Noctali également, car l'attention de la meneuse était focalisée sur Erylis. Elle paraissait croire que la jeune femme en viendrait aux mains, et se croyait sûrement tranquille, négligemment sur la défensive. Erylis fit glisser sa lame, se retrouva avec son second poignard en main, et, vive comme un serpent, vint le planter dans entre les côtes de son ennemie, qui hoqueta, ses yeux se révulsant :

... Mais c'est me faire trop d'honneurs !

La meneuse Rocket expira, et son corps tomba dans l'herbe maculée de sang. À ce moment, ses deux subordonnés se retournèrent comme un seul homme et lâchèrent un cri de surprise. La jeune femme, jouant de son poignard devenu écarlate, les fixa :

Perdu...

Paniqués, ces petits sbires sans cervelle n'eurent plus qu'une pensée dans la tête : fuir. Le plan était chamboulé, leur chef n'était plus là pour les guider. Ils soulevèrent son cadavre et fuirent avec leurs deux pokémons. Le Noctali était encore là..
Erylis jeta un regard furtif à Holmes. Il allait se poser encore plus de questions, à présent. Cette nuit n'était qu'un enchaînement de calamités... La jeune femme se rassit dans l'herbe, fixant obstinément la mare de sang à ses pieds, silencieuse. Il aurait mieux fallu se retirer. Mais elle restait là, devant le sang qu'elle avait versé, quelque peu sonnée.

.. Erylis. Ça va aller. Qu'est-ce qu'on fait, maintenant ?

« Hooooo baby, baby, oops, I did it again »

Tout c'était passé vite, Holmes avait eu du mal à assimiler toute les informations. Ryla était ''majesté'' et se nommait Erylis. Elle était aussi très douée avec les armes. Il regarda le corps de la criminelle s'effondrer sur le sol. Les deux autres ne demandèrent pas leurs restes. Holmes les regarda fuir, puis il reporta son attention sur le noctali. Il ne pouvait pas le laisser là. Le pokemon finirait par retourné en ville et alors les forces de l'ordre se demanderaient d'où il vient. Ils remonteraient alors jusqu’à la colline et finalement jusqu'à lui. Il fit un pas en direction du pokemon, ses anneaux se mirent a briller de manières hostile.

-Tout doux p'tit truc.

Noctali grogna.

-Je ne te veux aucun mal.
« Tu crois qu'avec du pesto c'est bon ? »
-Deux choix se livre à toi, reprendre une vie sauvage -que tu n'as sûrement jamais eut- ou venir avec moi. Je ne pense pas que ton ancienne maîtresse te manque. C'est comme tu veux.

Il s'accroupit pour faire face au pokemon. Ce dernier resta sans bouger quelques secondes, puis après avoir reniflé la main tendu vert lui, il s'y frotta. Holmes lui grattouilla le front et se releva.

-Johnny, tu t'occupe de ton... ta nouvelle partenaire, j'ai deux trois trucs à régler avec notre amie.
Wade se retourna théâtralement vers Ryla et sauta à ses coté.

-Vous savez ce que je déteste par dessus tout ?

Il fixa son interlocutrice en faisant la moue.

-Me tromper, c'est pour ça que je fait tout pour que ça n'arrive jamais. Pourtant ce soir j'ai commit une erreur. Il était évident que vous n'étiez pas qu'une simple ado se baladant dans la nuit. Mais de là à avoir plus de valeur qu'un suicune. Je suis étonné. Qui êtes vous exactement Miss Erylis d'Émeraude ?

"Qui êtes-vous exactement ?"
Erylis soutint le regard contrarié de Holmes. Elle n'était pas grand chose.. Et pourquoi ses origines la poursuivaient-elles autant encore ? Pourquoi le noble "d'Émeraude" lui collait-il encore à la peau ? Elle faisait tout pour se protéger, mais elle n'arrivait pas à conserver l'anonymat. Il le fallait, pourtant, son identité était dangereuse à porter.. Que dire à Holmes ? Il avait assisté à la scène, elle ne pouvait le laisser sans réponse. Mais elle ne pouvait, et ne voulait pas non plus révéler ce qu'elle était.. Elle haussa les épaules, son regard se perdit dans le vague.. Avant de revenir sur son interlocuteur. Il fallait bien lui répondre, et elle n'avait pas spécialement envie de lui réserver le même sort qu'à cette garce de la team Rocket.

Cela a-t-il vraiment son importance ? débuta-t-elle.

Elle n'était plus cette princesse. Tout avait été détruit, il ne restait plus que des souvenirs et des ruines. Que dire ? Elle soupira. Elle l'intriguait, maintenant, et elle détestait cela.

J'appartiens à une famille royale qui a vu son peuple se faire exterminer et qui a dû quitter ses terres.

Toute son histoire résumée en une seule phrase. Une seule phrase qu'elle avait toujours essayé d'éviter, éliminant ceux qui s'en approchaient trop, essayant désespérément d'imprimer Ryla sur ses traits. Y arriverait-elle un jour ? Ces humains étaient trop normaux pour qu'elle puisse le paraître. Drôle de nuit, décidément.. Même dans l'obscurité les bruits de l'extérieur l'agressaient encore.
Et Holmes, maintenant ? Elle avait tué des gens pour avoir commis la faute d'en savoir autant que lui, mais c'est elle qui lui avait livré ces informations. Après tout, s'il tenait sa langue.. Il n'allait pas forcément se révéler dangereux. Seulement, elle aurait préféré qu'il ne sache rien. Comment allait-il réagir à ses paroles ? La jeune femme détourna le regard. Elle souhaita à nouveau s'évanouir dans la nuit, disparaître de toutes les mémoires, devenir un spectre auquel on ne fait pas attention. Et elle était là, sur une colline à évoquer son passé en ruines...

C'est ce que j'ai été, il n'y a plus rien à présent.. Maintenant, je suis Ryla.

Elle n'arrivait même pas à s'en convaincre elle-même. Consternant. Suicune vint presser son museau contre sa joue, et resta près d'elle, avec Jilano. Tous deux la soutenaient. Elle respira un peu plus librement, mais demeura tendue. Elle détestait officiellement dévoiler ce qu'elle était vraiment.. Et c'était la première fois qu'elle le faisait plus ou moins volontairement. C'était déplaisant, elle aurait préféré rester dissimulée..

"être ou ne pas être; on connais la chanson"
- Tu sais, on est ce qu'on est et pas autre chose.

John et Noctali jouait dans leur coin. Holmes lui s'était rassit à coté de "Ryla", il ne savait pas vraiment quoi lui dire, mais il devait meubler la conversation: convention social... Il fouilla nerveusement dans ses poches et en sortit un paquet de cigarettes. Des clopes low-cost, du genre qui arrache la gorge et qui laisse un gout d'amour, de sang et de dégout dans la bouche. Il en tendit une à "Ryla".

- Mais effectivement, le nom n'as que très peut d'importance, tu pourrais te faire appeler Suzana, que ça ne changerais en rien à ce que tu es.

Il prit la cigarette entre ses lèvres humides.

- Mais, le problème avec ta "Ryla" c'est que... ce n'est pas vraiment toi. C'est comme si moi.. je faisait semblait d'être une pin-up.
"Tu serais vachement classe en pom-pom girl!"
- Donc, m'dame. Sans perdre de temps avec les noms, qu'est ce qui se passe au fond de cette jolie petite tête? Si bien entendu, discuter avec un inconnu au claire de lune ne vous dérange pas.
"Wait... TU dragues là?"

Il tira quelques bouffée sur son clope et se laissa tomber dans l'herbe. Il fallait qu'il garde la controle de la conversation. Il n'avait en aucun cas envie de parler de lui. Il en était bien incapable: du moins pas sans se montrer blessant. Bref, discuter avec la dame: good, parler de lui avec la dame: bad.

Tu sais, on est ce qu'on est et pas autre chose.

Erylis soupira. Il avait raison sans doute, elle n'arriverait jamais à dissimuler sa singularité, cette dernière la trahirait toujours, et pourtant, dieu sait combien elle avait essayé de faire le caméléon. À présent, elle était lasse.. Chose difficile que l'exil. En son royaume, son avenir lui souriait, elle serait devenue reine, régnant sur un peuple qui lui ressemblait et qui la comprenait. Mais non, il ne fallait pas se lamenter ainsi des coups du destin.. Il ne fallait pas s'abîmer dans le passé et les perspectives. Elle ne s'en sortirait jamais, sinon..

Mais effectivement, le nom n'a que très peu d'importance, tu pourrais te faire appeler Suzana, que ça ne changerait en rien à ce que tu es.

En l'occurrence, il en avait, de l'importance.. Pour cacher sa véritable identité. Porter son vrai prénom était comme signer son arrêt de mort. Mais Ryla n'était pas assez marquante pour la cacher, il était vrai, ce n'était qu'un voile éphémère.. Elle voulait l'anonymat, elle voulait la paix, elle ne voulait plus que son passé la poursuive, tous ces souhaits étaient-ils vraiment irréalisables ? Elle était visiblement incapable d'y arriver. Incapable..

- Mais, le problème avec ta "Ryla" c'est que... ce n'est pas vraiment toi. C'est comme si moi.. je faisais semblant d'être une pin-up.
Donc, m'dame. Sans perdre de temps avec les noms, qu'est ce qui se passe au fond de cette jolie petite tête? Si bien entendu, discuter avec un inconnu au clair de lune ne vous dérange pas.

Un vague sourire flotta sur ses lèvres. C'était elle qui avait gravi cette colline, alors qu'elle détestait que l'on trouble sa solitude.. Maintenant qu'elle était là, autant rester, elle n'arriverait pas à retrouver la paix en reprenant ses chimériques errances. Cependant, elle ne savait que répondre à la question de Holmes. Que se passait-il en elle ? Mais en quoi cela l'intéressait-il ? Elle ne savait plus vraiment ce qui lui arrivait, elle ne saurait poser des mots dessus, de plus. Elle n'avait jamais été douée pour le dialogue... Décidément. Erylis frémit d'exaspération. Elle haïssait ce trouble permanent en elle, et elle haïssait ses maladresses. Était-il possible d'éradiquer toutes ses faiblesses ?

Qu'en sais-je ? Je voulais tromper l'ennui mais.. Je ne sais plus très bien..

La lassitude s'était offert un cortège.. Était-de la colère, ou encore cette collante mélancolie ? Erylis détourna le regard. Elle n'aimait pas être vulnérable. En ce moment, elle l'était, il fallait bien se l'avouer.. Elle se ressaisirait.

« Bah mec, pour tromper l'ennui... t'es pas doué, répondre avec deux mois de retard... »

Wade secoua la tête. Qu'est ce que cette p*tain de voix racontait ? Il avait effectivement réfléchit un peu a quoi dire... mais sûrement pas deux mois. Il fit tomber la cendre du bout de ça cigarette et plongea son regard dans celui de ''Ryla''.

« Don't »

Il jeta un rapide coups d'oeil aux pokemons de la demoiselle, tira une ultime bouffé de nicotine. La latte du courage comme on dit, celle qui te fait tournée la tête et qui te fait oublier qu'au fond, bah toi non plus t'as pas de cojones.

« Do »

Il déglutit et posa la main sur la joue de la dame d’Émeraude et approcha son propre visage.

« vous savez quoi ? Ce type m'exaspère. Je lui ai dit de draguer pour passer le temps. OK. Mais tenter d'embrasser une princesse de sang royal alors qu'on a une halène de vomit, d'alcool et de clope, c'est une mauvaise idée... au mieux il va se prendre une baffe, ce que je ne souhaite pas. J'ai mal aussi quand il se fait frapper -et cet abruti ce fait frapper souvent- au pire il se prend un hydroblast de suicune et là... bah... je prend les pronostique sur le nombre d'os pétés.
QUOI ? Faut que j’arrête de faire durer... mais c'est que j'aime bien meubler moi... bon, impact dans
trois
deux
un... »

Indifférent au monologue qui se tenait dans son propre crâne Wade déposa ses lèvres sur celle de sa partenaire. Un frisson lui parcouru l'échine, l'endorphine et l’adrénaline fusionnaient dans ses petites veines. Dans son ventre une boule éclata, il l'avait fait !

Erylis se laissait couler dans les ténèbres. Elle n'essayait plus de maîtriser, elle n'y arriverait pas de toute façon, elle laissait la nuit prendre possession de ses sens. L'infini distilla ses songes en elle, son interlocuteur s'était évaporé, peut-être n'était-il qu'un songe. Dans ce monde d'obscurité et de voiles chatoyants, la seule chose tangible était les battements de son cœur, machine devenue folle.
Et les yeux noisettes redevinrent réalité, ravivant les émeraudes perdues. L'âme d'Erylis cessa de se désagréger, capturée par cet unique petit point de lumière. L'univers se réduisit aux méandres de son esprit, où ondulaient d'étranges sirènes chantantes. Le visage d'Holmes se pencha vers le sien, tout près, et sa main se posa sur la joue d'Erylis. Elle devait peut-être reculer, mais elle ne bougeait pas, attendant que la page suivante soit écrite, frémissant dans la nuit des arrache-cœurs.
Elle sentit alors les lèvres du doctor contre les siennes, doucement, elle frissonna. Elle se laissa faire, et lorsqu'il cessa le baiser, toutes ses pensées fondirent sur elle, aigles du mental. Elle n'osa pas regarder Holmes et se tint en retrait, gênée.
Après quelques secondes, éternités éphémères, Holmes lui tendit la main. Erylis la fixa, n'osant toujours pas le regarder dans les yeux. Elle ne contrôlait plus rien, elle lui donna sa main et ils partirent, abandonnant leur rocher aux sirènes.

Fin

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