Rideau [solo]

[Hrp, je risque la dépression en évrivant ça. Alors soyez gentils :3]

L'automne prenait fin, emportant avec lui les frondaisons rouges des érables et les dernières baies des fruitiers. Et qui dit fin d'Automne, dit début d'hiver... La nuit était tombée, mais l'on apercevait très clairement que de fin flocons commençaient déjà à tapisser le sol, d'une patience et d'un silence infinis. La première nuit de neige de cette année. Même si Near ne s'intéressait pas vraiment à la beauté de cette "Dame Nature", il avait eu le courage de sortir de sa grotte pour admirer ce manteau hivernal prendre forme à ses pieds. Si quelqu'un eut été présent à ce moment là, il aurait eu du mal à discerner le jeune homme de quinze ans désormais de la neige qui se laissait porter par le vent. Vêtu de blanc, au teint de peau très clair et aux cheveux blancs brillants, il se mêlait parfaitement dans le paysage.

Plusieurs mois s'étaient écoulés, à la fois trop longs et trop courts, depuis que Near avait quitté ses deux compagnons, la Mew bleue et le Riolu. Nate avait eu, depuis, une perception du temps bizarre, quelque chose que l'on ne ressent que lorsqu'on est seul avec... Un géant de deux mètres de haut pour plusieurs centaines de kilos, de fer et de roche. Il n'avait vraiment rien de méchant, il était juste... spécial? Gentil, mais pas très futé. Normal pour un Pokémon, en somme. A force de vivre avec eux, Near commençait à mieux comprendre ce que disaient les Pokémon. La communication lui avait jusqu'alors posé tant de problèmes qu'il avait décidé d'y remédier.

"-Polarhume, tu ne vas pas rester dehors comme ça si longtemps, rentre!" Lui cria le gros Galeking qui avait fait office d'ami durant ces quelques mois.
"-Je te serai redevable de ne pas me nommer ainsi. Seul Nate, Near et Next me conviennent." Lui répondit alors posément le jeune homme.
"-C'est pas de ma faute si tu est si fragile que ça, et entièrement blanc, en plus. Si tu te remplumais un peu, tu serait plus rarement malade."

Eh bien quoi. C'était interdit d'être chétif, désormais? Et puis, ce n'était jamais qu'un simple rhume qui le touchait, d'où le surnom que le Galeking lui avait trouvé. Néanmoins, il se rapprocha quand même de son "logement", sans envie d'y passer la nuit. A l'heure du dîner, constitué de vieilles baies pour le jeune homme et de pierres en tout genres pour le géant, le Galeking remarqua quelque chose dans l'attitude de Near.

"-Eh bien. Qu'est-ce que tu as encore?"
"-Hein? Rien. Je suis tout à fait normal."

Peut-être que "normal" ne lui convenait pas tout à fait comme qualificatif, mais il était sous-entendu qu'il "allait très bien". Mais quelque chose lui parcourait l'esprit. Ce soir... Le 5 Novembre... Cela faisait désormais six ans. Six ans que Ryuzaki avait disparu de ce monde.

Quelques heures passèrent. Le colosse s'était assoupi, près des braises encore incandescentes du feu qui avait servi pour le "repas". Comme à son habitude, il avait attendu d'entendre le souffle de Near pour bien s'assurer qu'il dormait avant de s'y mettre lui aussi. Et le jeune homme avait eu l'occasion de s'en rendre compte. Ce soir là, en quelque sorte le fit croire au Galeking. Une fois le géant en plein sommeil, il se leva, et sortit. Il n'eut pas un mot de remerciement pour ce gros idiot qui l'avait protégé.

Et, le yeux à demi-clos, les mains dans les poches, ne sentant ni le froid mordant mêlé au vent ne scinder sa peau, ni la neige ne se mêler à ses cheveux, il avança. Vers les pics, peut-être. Ou la mer, la forêt... Il n'en savait trop rien. Voyant qu'il arrivait sur une corniche, blanche, comme le reste du paysage, il s'assit, un genou replié contre lui, l'autre se balançant dans le vide immense qui se profilait devant lui. Un vide immense... Une belle métaphore pour représenter son futur. Il ne savait pas où aller, mais il avait senti le besoin irrésistible d'agir ainsi. Pourquoi? Pourquoi voulait-il venir à cet endroit précis, et s'y arrêter?Il réfléchit. Stopper son chemin...

Avant le vide...


Evidemment...


Mettre fin à sa vie avant la déchéance...

Jamais il n’avait connu le sentiment d’amour, ni même d’amitié… Sa vie ne résumait à rien… Croire qu’il allait tomber dans un ravin était éperdument faux. Il allait juste continuer à s’y enfoncer, toujours plus loin… A en devenir fou, peut-être.

Plus rien ne le rattachait à la vie. D'ailleurs, rien ne l'y avait jamais rattaché, en y repensant. Il prit place, prêt pour le saut de l'ange. "L'Ange"... Quelques fois, mêmes si elle étaient rares, on le surnommait ainsi. Tout coïncidait étrangement... Il se vit tomber en arrière, chuter, puis plus rien, avant d'arriver au néant, lieu de rendez-vous des âmes. Pourquoi pas? Stopper la souffrance psychologique…

Il prit place, se dressa au bord du précipice. En silence, il se laissa tomber. Aucun bruit ne vint briser cet instant. Tout était blanc. Ses yeux clairs se rivèrent au ciel. Les étoiles lui semblaient proches. De plus en plus proches. Presque à portée de main. Tournant un instant la tête vers le sol, il remarqua que l’épaisseur de la neige, bien que conséquente, n’amortirait pas sa chute. Tant mieux.

Les larmes qu’il n’avait jamais laissé couler se libérèrent. Un sourire pur se dessina sur ses lèvre gercées par le vent.

Ce soir... Cette nuit... Etait la dernière...

“ –J’arrive.”