The Trio Night Music [PV Erylis (Isaya) & Aaron (Rayquaza)][Soutenu]

Encore un de ces soirs où je ne parvenais pas à dormir. Cela faisait quelques semaines, ou peut-être juste deux, que j’étais arrivée sur Yokuba, dans cette maison, dans cette vie. J’avais l’impression que cela faisait une éternité, pourtant. Je m’étais vite acclimatée, et je commençais doucement à avoir des habitudes. Malgré tout, malgré le calme paisible de cette rue – quoique les voisins aient pu me dire –, je ne trouvais pas souvent le bon sommeil réparateur, ou du moins, pas sans quelques verres. Ce soir, je n’avais pas bu, car j’avais peigné Khan toute la soirée. L’Arcanin semblait adorer que je démêle ses nœuds, et moi j’aimais voir sa tête ébouriffée ensuite. Quoiqu’il en soit, c’était sur fond musical que j’avais décidé d’aller me coucher. Et quand ma playlist eut atteint sa limite, je ne dormais toujours pas. Fixant le plafond comme s’il allait s’effondrer sur mon lit, je réfléchissais à aller me faire un lait chaud ou quelque chose du genre.
Au final, je me levai d’un bond et allai fixer la fenêtre. Dehors, le jardin était sombre, je n’y distinguais que quelques formes et des ombres. Soudain, une irrépressible envie de renouer avec mon passé me gagna. J’avais envie de sortir, de parcourir les rues sombres, de frôler le danger. Je le faisais toujours, à Volucité, quand je ne trouvais pas le sommeil. Que pouvais-je bien risquer dans une ville aussi ignoblement paisible que Shi ?
J’enfilai un jean large, un débardeur blanc et mes chaussures de skate. Simple, mais au moins j’étais à l’aise. Je vérifiai mes cheveux puis emportai mon paquet de cigarettes et les clés de la voiture. Khan tenta de m’empêcher de sortir, mais je me contentai de lui confier la tâche de garder la maison, lui promettant de revenir vite.

Après une vingtaine de minutes de route à vive allure, je rejoignis la limite de l’île et de la ville. J’avais atteint la plage, mais pas du côté de l’aérodrome par lequel j’étais arrivée ici. Cet endroit était plus désert, quelques magasins fermés illuminant une digue sans vie. Le paysage était beau, l’océan formant une immense étendue noire, sans même un bateau à l’horizon. Je coupai le moteur et sortis. Il n’y avait personne, pas un Miaouss aux alentours.
J’avançai jusqu’à la plage puis je m’arrêtai et m’appuyai le derrière au sommet d’un banc. Je respirai à fond, écoutant le bruit des vagues. Depuis mon arrivée ici, j’avais la vie rêvée. Pas d’obligations, juste me la couler douce. Mais je devais avouer que même si j’en avais rêvé toute mon adolescence, je m’ennuyais… Je pimentais un peu le jeu, notamment avec Malicia, mais ce n’était pas suffisant. Peut-être que je devrais me trouver un travail ?
Je secouai la tête et me levai. J’en arrivais à me prendre la tête parce que je n’avais rien sur quoi me prendre la tête. J’étais pathétique…

Je descendis sur la plage. Sans enlever mes chaussures, qui se remplirent petit à petit de sable croustillant sous mes pieds. J’avançai jusqu’à l’eau, que je caressai comme s’il s’agissait de la peau d’une fille. C’était froid, glacé même, mais j’aimais ce contact. J’avais toujours aimé l’eau, même si je n’avais jamais osé me l’avouer par rage vis-à-vis de mon père. Aujourd’hui tout était différent. Mais j’avais l’impression d’être devenue inconsistance, voire inexistante… Je levai les yeux au ciel pour admirer les étoiles. La nuit était chaude, pas de nuage en vue. Faisait-il toujours aussi bon ou était-ce juste la saison d’été ? L’avenir me le dirait. Je souris, sans raison, soupirai puis m’écartai de l’eau, tout en m’allumant une cigarette. J’avançai doucement pour retourner dans la civilisation, je n’allais de toute façon pas passer la nuit ici.

J’étais toujours au milieu de la plage lorsque, sortit de nulle part, un homme m’accosta. Le genre débrayé, sans doute fortement éméché, gras, barbu. Toute la grâce masculine, en somme. Je ne savais pas d’où il était venu, j’avais l’impression d’être seule au monde jusqu’à son arrivée. Il s’approcha vivement de moi, sans faire attention aux limites de vie privée, et me regarda avec un sourire édenté. Je ne pensais pas que de tels individus existaient dans une ville aussi classe que Shi, mais bon… Mes épaules se raidirent, et mon visage se ferma. Aucune expression n’apparaitrait maintenant. Titubant, il s’exprima tant bien qu’il put :

« Non. »

Je me mis à marcher tout aussi vite. J’avais besoin de tout sauf de me faire embêter par un poivrot. J’avais l’habitude de ce genre de gars, je n’en avais aucune peur. Mise à part une force mal utilisée, il n’avait pour arme qu’une haleine à décoller du papier-peint.
À peine avais-je faire quelques pas qu’il m’empoigna le bras gauche pour m’arrêter. Je sentis son étreinte, ce qui anima en moi une certaine colère que je tentai de garder dissimulée pour ne pas le faire sortir de ses gongs. Je me contentai de lui jeter un regard noir avant de dégager violemment mon bras pour me remettre en marche. Il me saisit à nouveau en me serrant plus fort.

« Lâche-moi ! »

Cris-je en me retournant vers lui, incapable de récupérer mon bras cette fois.

- Elle te fait des misères mec ?
Je me tournai après avoir entendu cette nouvelle voix masculine. Un autre homme était un peu plus loin, l’air plus jeune, et plus ténébreux surtout. Un peu éméché sans doute, lui aussi. Mais d’où sortaient-ils ces gars, à la fin ?
L’homme qui me tenait se mit à rire grassement tandis que j’essayais de me dégager. Tout en gardant mon sang froid, mais de rage, j’écrasai ma cigarette contre sa joue. Il hurla de douleur et relâcha son étreinte, ce qui me permit de fuir. M’injuriant de divers noms que je ne citerai pas, il m’emboita le pas et finit par me sauter dessus, me faisant valser au sol. Je ne parvins pas à me relever à cause du sable, trop éphémère pour servir d’appui. Le barbu continuait à me gueuler dessus tout en m’écrasant les jambes avec son poids. Je commençai doucement à paniquer et à ne plus être capable de réfléchir. Je finis par dégager une jambe et lui envoyer en plein visage, mais je n’eus pas le temps de quitter la zone que deux autres hommes étaient là, riant de mon sort. Ils m’attrapèrent et me maintinrent au sol. Gigotant comme un asticot, j’essayai à nouveau de me dégager. Mais je devais être réaliste, je n’avais pas la force de le faire. Je leur hurlai de me lâcher mais cela semblait plutôt attiser leur folie.

L’un des hommes, le jeune de tout à l’heure, sortit une lame. Je pus reconnaître un couteau à cran d’arrêt. Il l’approcha de moi, le passa sous ma ceinture et tailla d’un coup net dans celle-ci. Trois hommes bourrés contre un pauvre fille soumise à leurs désirs, je vis très vite où allaient leurs esprits. Je remuai d’autant plus pour me dégager, filant plusieurs coups de pied dans mes assaillants. Le type à la lame, fou de rage de s’être pris un coup, m’entailla le côté gauche et le bras. La douleur fulgurante me fit garder ma respiration pendant plusieurs secondes, m’empêchant de hurler.
Prise de panique, je fis tout ce que je pus pour me dégager. Je devins insaisissable et balançai bras et jambes à tout va. J’aperçus finalement une sortie, un petit trou parmi ces trois paires de guiboles autour de moi. Je m’y glissai en rampant habilement avant de me redresser pour courir. La douleur me perça la côte comme une flèche, il m’avait blessée sévèrement. Je m’accroupis, ma vision se troubla…
Je sentis alors un choc à l’arrière de la tête. L’un des agresseurs m’avait balancé l’arrière d’une bouteille. Sonnée, ma conscience se perdit jusqu’à ce qu’il me tire par les cheveux, me faisant basculer sur le dos, et me ramena près des autres.

La scène se répéta. Tous autour de moi, riant et me crachant dessus. J’avais l’impression qu’ils étaient encore plus nombreux mais je ne distinguais plus que des ombres. Quatre hommes, peut-être cinq. Je me fichais du nombre, je n’arrivais plus à me défendre. J’essayais tant bien que mal, mais mes mouvements étaient lents et inutiles. Je les suppliai de me laisser tranquille, mais même ma voix ne portait plus. J’essayai de remuer comme tout à l’heure, mais rien n’y faisait. Je me contentai alors de regarder le ciel, en tentant de faire abstraction de leurs voix, leurs rires et leurs injures. Ils me frappèrent au ventre, sur les cuisses, l’un me mit un coup de poing sur les lèvres. Je tentai de cracher le sang qui en résultait, mais je ne pus que l’avaler sans m’étouffer.

Mon corps avait encore quelques spasmes, mais il fallait que je sois réaliste, je ne pouvais plus rien faire. Ils feraient ce qu’ils voudraient de moi. Peut-être allaient-ils me tuer, ou me laisser là après avoir fini leur affaire… Jamais je n’aurais pu croire qu’une chose aussi horrible m’arriverait ici, à Yokuba… C’était allé si vite que je n’avais même pas eu le temps de réaliser…
J’eus l’impression d’être un jouet et, malgré moi, les larmes s’écoulèrent sur mon visage. Je serrai les dents malgré l’enflure de ma lèvre inférieure, et je fermai les yeux, essayant de disparaître…

Erylis s'émerveillait toujours de son compagnon. Suicune, le magnifique Suicune. De retour à la maison, ils avaient longuement parlé entre eux. À présent, il accompagnait ses pas. Sayanel et Jilano s'étaient montrés heureux et accueillants. Les deux Pokémon dormaient, Erylis était seule avec Suicune. Ils se dirigeaient vers la plage, lieu de leur rencontre. La jeune femme était vêtue d'un slim noir et d'un haut décolleté, noir également, décoré de longues ailes d'ange noires en strass dans le dos. Un bandeau relevait ses beaux cheveux. À la fois fascinante et redoutable, Erylis attirait tous les regards. Elle sourit à Suicune. L'air était frais, les étoiles brillaient fièrement dans le ciel. La nuit était calme.

... Calme ?

Non, pas exactement... Erylis entendit alors des ricanements, et des gémissements. Elle se figea. Elle lança un regard à Suicune, ce dernier hocha la tête. Il avait compris. Tous deux prirent un chemin différent. Erylis vint discrètement vers la plage. Une jeune femme se faisait agresser, à terre, par cinq phénomènes de la pire espèce. Erylis eut une grimace de dégoût pour ces abrutis et, telle une ombre, s'approcha sans que personne ne la remarque. Des multiples fourreaux précieux qui pendaient à sa ceinture, elle sortit deux poignards. L'acier brilla. La jeune femme se rapprocha encore...

Sa jambe se leva, se tendit dans l'air. Son pied fouetta l'air en tournoyant.

Un homme à terre.

À peine l'avait-elle touché qu'elle bondissait déjà vers un autre agresseur. Oiseau trop vif pour ces ivrognes, elle lui entailla la gorge de son poignard, envoya un violent coup de poing dans son nez. Le sang explosa. De ricanements, ces hommes passèrent à gémissements. Ils ne pouvaient pas la toucher. Trop vive, trop entraînee pour eux. Erylis fit tomber un homme au sol, s'assit sur lui et envoya d'efficaces et terribles coups de poing dans le vent. Elle se releva.

Tournoyant, frappant. Danse mortelle et redoutable. Grâce et efficacité. Force et intelligence.

Calme terrible.

Suicune se manifesta alors. Les deux hommes encore debout, dont un possédant une lame, partirent valser dans l'océan, propulsés par de terrible Hydrocanon.

Les trois hommes aux pieds d'Erylis levèrent la tête avec difficulté en gémissant. La jeune femme les fit souffrir de coups de pieds bien placés. Elle tira avec adresse une magnifique épée d'un fourreau. La lame mortelle étincelait. Les ivrognes pâlirent. S'aidant mutuellement, ils tentèrent de s'enfuir en claudiquant. La jeune femme, sans un mot, les rattrapa. À chacun, elle orna leur visage d'une immense balafre. Ils hurlèrent, elle les laissa partir. Les deux hommes inconscients dans l'eau se redressèrent. Erylis leur administra de belles balafres, ils déguerpirent également. Un sourire ironique s'était dessiné sur les lèvres de la belle jeune femme. Humains pourris jusqu'à la moelle, individus lâches et miséreux... Qu'ils meurent dans leur misère.

Merci, Suicune.

Ils me dégoûtent, Erylis.

Ce sont des miséreux. Vois comment la vie peut transformer un homme....

Suicune frotta son museau affectueusement sur la joue de la jeune femme. Cette dernière se précipita vers le corps inanimé qu'avaient laissé ces lâches. Une jeune femme aux cheveux bleutés, aux yeux gris. Salement amochée. Erylis s'agenouilla, souleva doucement le corps avec ses bras. Le visage de la jeune femme était trempé de larmes, qu'Erylis essuya délicatement. Elle chuchota des mots apaisants à l'oreille de l'agressée, comme pour la réveiller. La jeune femme fouilla dans son sac à main, sortit une bouteille d'eau, des pansements, et des mouchoirs. Elle appliqua les pansements sur son flanc gauche qui était découvert, et sur le bras, après avoir désinfecté les plaies grâce au produit qu'elle gardait sur elle. Puis, elle imbiba plusieurs mouchoirs qu'elle appliqua sur le front de la jeune femme. Elle la tenait dans ses bras et lui redressa le dos, de façon à ce qu'elle soit en position assise :

Vous m'entendez ? Détendez-vous, vous êtes en sécurité à présent...

Suicune vint donner un petit coup du museau sur le front de la jeune femme. Erylis enleva son long gilet noir, et le roula en boule sous la tête de la jeune femme, pour pouvoir la lâcher doucement. Ses sens en alerte, il lui sembla entendre un bruit. La jeune femme se tint sur ses gardes, prête à dégainer ses armes, tout en veillant sur la jeune femme inconsciente.

Yokuba, la Ville Shi ... combien de temps s'était écoulé, déjà ? Combien de temps s'était écoulé, depuis son arrivée sur cette île ? Trois ans. C'était ça, trois longues années s'étaient écoulées depuis son installation sur cette île. La lune était claire ce soir, la nuit était calme et fraîche. Le silence était maître. Oui ... c'était apaisant, c'était bien, comme ça. Les yeux bicolores d'Aaron s'ouvrirent sur ce monde nocturne dénué de bruit. Du moins, pendant un certain temps. Le jeune homme aux cheveux bleus était installé sur un banc depuis quelques temps déjà. Combien exactement ? Il ne saurait lui-même le dire. Mais ce n'était pas difficile à deviner, après quelques réflexions. Il était venu ici, lorsque la nuit était tombée. Lorsque le monde diurne de Shi a laissé sa place. Le jeune homme termina sa cigarette, qu'il avait entamé quelques minutes auparavant, avant de la jeter au sol, l'écrasant de ses longues bottes de cuir noires. Tout de noir vêtu, il était toujours dans cette optique là. Seuls quelques motifs dorés sur son long manteau de cuir noir donnèrent un petit contraste à son allure. Soit ... il n'avait plus vraiment envie de rester sur ce banc. En plein milieu du parc moderne de la ville Shi, au milieu des fontaines qui arrosaient paisiblement leurs environnements, il était resté planté de longues minutes. Il était temps de partir, maintenant. La question, c'est ... où ? Allait-il retourner à son appartement ? Hm. Aaron jeta un coup d'oeil à sa montre, c'est vrai qu'il pourrait rentrer chez lui, étant donné qu'il allait bientôt être vingt trois heures. Mais à vrai dire, cela ne l'intéressait pas vraiment. Ouais ... son appartement, qu'est-ce qu'il irait faire là-bas ? A part dormir, il ne voyait pas. Autant profiter encore de cette escapade en plein air. C'était ça, il allait se balader un petit peu, comme s'il avait quelque chose à perdre de toutes manières.

Le jeune homme de 23 ans descendit de son banc et commença à marcher, silencieusement, seul. A cette heure là, il ne devait pas y avoir beaucoup de monde qui affluerait dans les rues. Et pendant une bonne partie de sa marche à pied, ce fut bel et bien ce qu'il a pu constater de ses yeux bicolores. Il n'y avait pas âme qui vive dans les rues de Yokuba. Aaron continua son avancée dans les rues, jetant deux trois regards sur les cotés en quelques occasions. Tiens, il y avait parfois des lumières allumées dans les maisons des résidents. Encore heureux, si tout le monde se couchait à vingt heure trente ici, il se sentirait un peu idiot à aller marcher dans les rues à cette heure là. Mais qu'importe, de toutes manières. Le regard des autres ? Il n'en avait plus rien à faire. Ses années d'errance après la mort de sa soeur l'avait suffisamment endurci, il y a de cela 8 ans déjà. Sélina ... oui, il pensait de temps à temps à elle. Elle qui rêvait également de liberté. Eh bien, cette Liberté, finalement, Aaron ne l'a pas encore atteint. Peut-être bien que cela n'arrivera jamais d'ailleurs. Personne ne pouvait prévoir le futur, et malgré les efforts qu'il avait fourni, il n'était pas satisfait. Ce monde était si impur. Bien qu'il paraissait calme, en cette nuit. Ce n'était peut-être qu'une impression, après tout. Car derrière les apparences se cachent beaucoup de choses. Pff ... à quoi est-ce qu'il pensait, vraiment ... il n'allait pas rester là à rêvasser tout en marchant, ce serait idiot. Enfin, c'est déjà trop tard, non ? Soit, de toutes manières, il n'allait pas faire une fixation là-dessus. Les minutes commencèrent à devenir assez longue pour le dénommé Aaron, qui continuait son petit chemin. Soudain, il s'arrêta. Devant lui se dressait ... une pancarte. Un panneau, plutôt. "Plage" était-il indiqué là-dessus. La plage ? Pourquoi est-ce qu'il irait dans un endroit pareil ? Aaron se retourna, près à revenir sur ses pas. Ouais, aller à la plage ne lui apporterait pas grand chose, loin de là, même. Mais, quelque chose allait vite lui faire changer d'avis. En effet, le jeune homme aux cheveux bleus rechangea de direction, de manière plus soudaine, comme s'il était sur le qui-vive. Il y avait eu du bruit, et d'instinct, Aaron mit sa main à sa ceinture de couleur sombre, pour y tenir fermement un révolver. Oui, toute sa vie, il avait apprit le maniement des armes à feu, alors c'était naturel, -enfin presque- pour lui d'en avoir une, afin de se défendre. Dans la sombre nuit, que la lumière de la lune éclairait, des ombres arrivaient rapidement vers Aaron, elles semblaient pressées. Que se passait-il, encore ? Aaron, étant un adepte des journaux, avait lu récemment que des petits voyous traînaient dans les rues de la ville sitôt que celle-ci s'endormait, il s'agissait peut-être de types comme ça. Pff, lui gâcher ce silence par des cris d'animaux, c'était frustrant. Il n'allait pas se "venger" parce que bon, il valait mieux que ça, malgré tout.

Ses yeux en comptèrent cinq. Ils étaient cinq, à courir maladroitement vers la ville. De quoi avaient-ils si peur, ces types ? Aaron concentra davantage son regard sur eux, afin de mieux voir qui approchait. C'est là que sa vue déficitaire est un peu embêtante, mais bon, il n'allait pas s'en préoccuper plus que de raison, il était bien habitué maintenant. De toutes manières, il n'avait pas le choix, alors c'était vite réglé. Ils approchaient, maintenant, ils paraissaient épuisés, essoufflés mais surtout terrifiés. L'un d'eux, le plus jeune arriva devant Aaron. Il était blessé. Aaron tenait toujours son arme à la main droite, au cas où il y aurait un problème. L'homme tenta de reprendre son souffle, comme ses compères, placés peu derrière lui. Depuis quand, c'est la jeunesse qui tirait les rennes, maintenant ? Tss. Peu importe, de toutes façons.

« Dégages, tu vois pas que tu gênes ?! » hurla de colère, le nouveau venu.

Aaron écarquilla légèrement les yeux. Tiens, en voilà des manières. Ils n'étaient pas vraiment civilisés, ces types là. D'ailleurs, une forte odeur d'alcool mélangé à du sang flottait dans les environs, ce qui eu pour don d'asticoter légèrement le jeune homme aux cheveux bleus.

« Si tu n'es pas capable de passer sur le coté, c'est ton problème. J'bougerais pas d'ici. » rétorqua le dénommé Aaron. « Il en est bien sûr de même pour tes copains. » conclu t-il alors.

Il voulait quoi, ce gars là ? Mais ils n'avaient pas le temps, avec cette folle qui traînait dans les parages ... il fallait se tirer d'ici en vitesse. Mais visiblement, les cinq hommes, trop peu attentifs au monde qui les entourait, n'avait pas remarqué que leur nouvel interlocuteur possédait une arme à feu dans l'une de ses mains. C'était tant pis, pour eux. Le "leader" du groupe voulut asséner un coup de poing, mais c'était relativement manqué, puisqu'il manquait de force et de lucidité, après tout ce qui venait de se passer. Aaron recula légèrement, et cela suffit pour éviter de se prendre sa main sale sur lui. Le jeune homme aux yeux bicolores redressa soudainement son arme, et la pointa sur son agresseur, qui se figea aussitôt. Ses alcolytes ne l'aidèrent pas vraiment, ces derniers regardaient à leurs arrières, autour d'eux, comme s'ils étaient poursuivis par le diable. Tss, franchement, sur quoi est-ce qu'il était tombé, ce soir ?

« Bien, maintenant si tu pouvais arrêter de t'exciter pour rien. » commença Aaron. « Dîtes-moi pourquoi est-ce que vous courez tous comme des imbéciles mort de peur, et qui vous infligé ces blessures. » termina le jeune homme, d'un ton sec.

Menacé par une arme à feu, menacé par la mort, les hommes changent radicalement de comportement. Ce soir ne fit pas exception à cette petite manie humaine. L'être humain, menacé par le révolver d'Aaron recula légèrement, et commença, d'une voix tremblante:

« Une ... une femme trop cheloue est sur la plage, c'est elle qui nous a fait ça. »

Hm ? Tiens, voilà quelque chose d'intéressant. Une femme contre cinq hommes, et elle aurait réussie à tous les mettre dans cet état ? Il y avait sans doute autre chose, mais quoi ? Aaron ne bougea pas de sa position, maintenant son arme vers ces nouveaux venus. Tout compte fait, il avait peut-être bien fait de venir à la plage. Même s'il n'était pas particulièrement adepte des grandes sensations fortes, un peu de tension serait sans doute meilleur qu'une simple marche vers son appartement. Bon .. ainsi, ils étaient terrifiés par une femme ? Cela pourrait paraître risible, en un sens, quand on voit le nombre qu'ils sont.

« Et ... il y a aussi ce gros chien bleu ... » reprit d'une voix meurtri, l'homme toujours menacé par le révolver.

Et "gros chien bleu", maintenant ? S'il pouvait tout dire d'un coup, ce serait bien aussi. Aaron eu une certaine envie de soupirer devant le pathétique spectacle qui s'offrait à lui. D'ailleurs, qu'est-ce qu'ils foutaient sur une plage la nuit, contre une femme ceux-là ? Tiens, c'est louche, cette histoire. Mais Aaron se tut, il n'avait pas envie de continuer davantage. Ouais, parler avec ces êtres stupides l'abrutissait sans doute. Le jeune homme aux cheveux bleus baissa son arme, et avec un mépris non dissimulé, fit signe à ces hommes de passer. Tss ... comme si la route n'était pas assez grande de toutes façons, quels idiots ceux-là. Ils détalèrent en vitesse, encore. C'était vraiment pitoyable. Aaron rangea son arme, et mit la main dans son autre poche, avant de sortir cigarette et briquet. Tout ça, lui avait donné envie de fumer, tiens. Un rapide coup, cela le soulageait presque. Alors ... une jeune femme "cheloue", hein ? Et un "gros chien bleu" ? Il allait donc voir de quoi il s'agissait réellement. Aaron continua alors son chemin, discrètement. Mais les nuages commençaient à apparaître, dans le ciel. Cela n'annonçait pas un bon temps pour la suite des évènements, c'était aussi simple que cela. Quelques secondes suffirent, au dernier survivant de la famille Reiden, pour atteindre cette plage pleine de sable. Il y déposa ses pas, uns à uns et commençait à marcher, en avançant simplement tout droit. Au bout de quelques instants, trois silhouettes apparurent dans le champ de vision d'Aaron. Deux étaient humaines. Quant à la troisième, rien à voir. C'était un quadrupède, relativement imposant. Ah, c'était peut-être leur "chien bleu", ça ...

Une pluie fine commença à tomber, trempant le sable fin de la plage, et qui accompagnait doucement les bruits des vagues qui frappaient la côte ou qui s'y déposaient. Oui, c'était confirmé. Il y avait deux jeunes femmes, l'une qui était dans les bras de l'autre, tandis qu'un Pokémon bleu se situait non loin de là. Quel était-il, ce Pokémon ? Aaron n'était pas un spécialiste, dans ce domaine, d'ailleurs. Tss. Qu'importe, il n'aimait pas se poser trop d'interrogations, c'était très fatiguant. Une fois qu'il fut dans leur champ de vision, Aaron se mit bien en évidence, malgré la pénombre et la pluie qui commençait à tomber.

« C'est vous, qui avez agressé ces hommes ? » questionna t-il, sans ton particulier dans son expression.

Oui, il était relativement évident que c'était elle. Une question presque réthorique, d'ailleurs. Aaron mit la main à sa poche, et ressortit une cigarette, pour la fumer. Sous la pluie, ce n'était peut-être pas une super idée, mais bon. Au cas où, il avait toujours son arme à utiliser. Ses Pokémons ? Aaron ne les a jamais utilisé pour combattre. Ce n'était pas un dresseur de Pokémon, il n'avait pas l'envie pour effectuer une telle chose. Ses yeus bicolores plongèrent dans ceux de la jeune femme qui était encore consciente. Il ne savait même pas, pourquoi il irait faire une prétendue "justice", cela était presque risible, quand on sait la piètre opinion qu'il avait de ces types, rencontrés plus tôt.

Je sentis leurs mains, leurs souffles, leur chaleur insupportable cogner contre moi. J’avais envie de hurler, de me défendre, mais je ne pouvais plus. J’avais l’impression que ce cauchemar ne s’arrêterait pas, alors mon esprit s’égara. Il partit loin, très loin de cette plage, loin de ces hommes. J’entendis en fond sonore les rires venant de leur gorge grasse, mais je n’y prêtai plus attention. Je ne sentais plus mon corps, je ne sentais plus rien. Non, il n’y avait plus rien. Et peut-être n’y aurait-il plus jamais rien. Je m’en fichais, je n’étais plus là. Comme si j’étais en mode pilote automatique, j’attendais juste que ça se termine, peu importe comment.

Semi-consciente, je sentis leur étreinte se relâcher. Des bruits que je ne pouvais comprendre surgirent autour de moi. Je crus reconnaître des coups, de la violence. Avaient-ils fini par se battre entre eux pour savoir qui aurait le meilleur morceau de chair ? Je ne voulais pas le savoir. Puis j’entendis un son plus étonnant encore. Celui d’un gros objet qu’on jette à l’eau. Je ne comprenais pas où en était la situation. Je ne pouvais plus ouvrir les yeux tant j’étais sonnée, je ne pouvais qu’écouter ce qui sembla presque sorti de mon imagination. Cela dura une fraction de seconde, juste un instant, et tout redevint calme. J’entendis à nouveau le doux clapotis des vagues. Puis une voix féminine, une voix douce et réconfortante… du moins en temps normal. Là, je n’avais aucune réaction, je ne comprenais juste pas. Mon esprit continuait à s’éloigner…

Je sentis qu’on me manipulait encore, mais avec plus de délicatesse cette fois. Je ressentis des doigts effleurer mes joues, comme pour essuyer les larmes qui avaient coulé. Sans y faire attention, je me sentis partir. Je m’évanouis sans doute un moment, tout devint noir…

De petites piqûres vinrent taquiner mon visage. D’abord très peu, puis de plus en plus. Je reconnus la pluie. Cela me réveilla, un peu. Je tentai de bouger, mais je sentis mon corps me brûler un peu partout. Serrant les dents dans un léger gémissement, j’ouvris difficilement les yeux. Ma vision trouble ne me permit pas de comprendre ce que je voyais. Puis des ombres se dessinèrent et, finalement, des détails. Ma peau devint à nouveau sensible également, et je sentis une chaleur. Regardant lourdement autour de moi, je vis une jeune fille. Malgré la nuit, je reconnus tout de suite une beauté pénétrante, surtout lorsque mon regard croisa le sien. Je me sentis un peu honteuse d’être dans un état pareil. Je n’aimais pas être faible, je n’aimais pas paraître faible… Je détournai les yeux et vit une forme étrange, énorme, sur quatre pattes. Un Pokémon, sans doute.
J’essayais de reprendre mes moyens, même si j’étais toujours incapable de bouger, lorsqu’une voix se fit entendre :

- C’est vous, qui avez agressé ces hommes ?
C’était une voix masculine cette fois, plus basse, posée, calme. Je tournai difficilement le visage pour me rendre mieux compte de la situation. Malgré moi, une certaine peur que je n’avais jamais connue me crispa jusqu’au plus profond de moi-même. Je n’aimais définitivement pas les hommes… Je me ressaisis, avalant ma salive qui avait un goût de fer à cause du sang que j’avais dans la bouche.
Je soulevai doucement la main, et attrapai maladroitement le bras de la jeune fille se trouvant à mes côtés. Je ne savais pas si c’était bien elle qui m’avait sauvée, mais je le pensais sincèrement. Ce geste remplaçait la parole car je n’arriverais pas à la remercier autrement.

Je fermai les yeux longuement et serrai les dents. De mouvements lents et mal coordonnés, je me positionnai sur le côté droit, et je ramenai mes jambes contre ma poitrine. La douleur qu’avait causée la lame me glaçait le sang. Je me retins de pleurer à nouveau, cette fois j’en fus capable. Mais cela ne m’empêchait pas d’avoir mal, très mal…
Je restai un moment dans cette position, tentant d’oublier ce qui me rongeait. Mon caractère finirait bien par reprendre le dessus et par me forcer à me relever. J’avais toujours été une battante, je devais l’être encore. J’avais déjà été seule à me faire tabasser dans la rue, et je m’étais débrouillée, je devais pouvoir le faire encore une fois…

Finalement, je sortis de ma position fœtale. Malgré la douleur qui me tenaillait toujours, je me remis sur le dos. Le choc jouant sur ma politesse, je ne fis malgré moi plus attention à tous ceux qui étaient près de moi. Je glissai mes mains dans mes poches pour en sortir un paquet de cigarettes et de quoi en allumer une, ce que je fis. Malgré la pluie. Ma lèvre était enflée et la sensation était étrange lorsque je la portai à ma bouche, mais je ne pus m’empêcher d’apprécier cet instant. C’était ridicule, et je le savais bien.
Je laissai retomber mon bras dont la main tenait la cigarette dans le sable, et je plaçai mon autre main sur mon front et mes yeux. J’avais envie de pleurer, et je ne voulais pas que ça se voit.

« Je… suis désolée… »

Murmurai-je difficilement, la voix tremblante, tandis qu’une larme coula de chacun de mes yeux. Oui, je me sentais coupable. Coupable de ma bêtise, de ma jeunesse, d’avoir voulu jouer avec le feu. Comme une gamine qu’on prend la main dans le sac, le genre d’enfant dont on accentue le crime par un « Je te l’avais bien dit ». On me l’avait bien dit, je me l’étais bien dit aussi, mais pourtant j’étais sortie cette nuit. Quelle idée, j’avais eu trop confiance en moi. Et pourquoi n’avais-je pas pris Khan à mes côtés ? Cette boule de poils m’aurait aidée… Non, j’avais été idiote, téméraire, voire un peu cinglée. Je m’en voulais…

Dernière édition par Isaya le Sam 26 Jan 2013 - 15:36, édité 1 fois

Erylis leva la tête en scrutant la nuit. Elle entendait des pas, et Suicune aussi. Un homme arriva alors sur la plage. La jeune femme braqua son intense regard vert sur lui. Cheveux bleus, regard bicolore. Il devait être un peu plus vieux qu'elle, et était vêtu de noir également. Erylis l'écouta parler. Hm. "Agresser" n'était pas le bon terme. Elle eut un bref regard pour la jeune femme, avant de répondre au jeune homme qui... Fumait. Erylis retint un soupir. La drogue était une chose terrible, mais la cigarette était aussi une drogue, et la jeune femme ne comprenait pas comment l'on pouvait se pourrir la vie pour du tabac. Mais bon. Elle ne connaissait pas le jeune et était donc mal placée pour le juger :

Oui, ce sont Suicune et moi qui ont sauvé la jeune femme.

Rétorqua-t-elle. La jeune femme inconsciente bougea alors. Erylis reporta toute son attention sur elle, enfin, en apparence. La jeune femme était toujours sur ses gardes, ses sens toujours en alerte. À la moindre attaque, elle était prête à bondir. Erylis eut un sourire rassurant pour celle qui était sortie de l'inconscience lorsqu'elle croisa son regard. Son bras fut serré, geste qu'Erylis interpréta bien. La jeune femme se replia alors en position fœtale, tandis qu'Erylis veillait sur elle d'un regard attentif. Suicune arriva et se posta près de la jeune femme. Erylis observa la jeune femme se positionner sur le dos. Elle alluma une cigarette et Erylis demeura impassible. La jeune femme masqua alors son front, de sa main. Elle s'excusa d'une voix tremblante. Erylis posa sa main sur son épaule, ayant deviné qu'elle pleurait. Ce n'était pas difficile à comprendre. La jeune femme s'employa à l'apaiser :

Je ne peux juger de vos actes. Je sais juste que vous vous êtes faite agresser avec violence. Néanmoins, ne regrettez pas vos actes. Ce serait se torturer l'esprit inutilement. Ce qui est fait est fait, il ne faut pas regretter, il faut agir.

Déclara Erylis avec douceur. Un sourire réconfortant naquit sur ses lèvres, et elle se tut. Son regard était rassurant. Quel tas de fumier... Cinq contre un. Déloyauté. Quoique, à deux contre un, ils avaient tout de suite moins fait les malins. Misérables. Ils faisaient preuve d'une lâcheté écœurante. Erylis n'y pensa plus. Son attention était à la fois concentrée sur la jeune femme, et le jeune homme. Elle savait parfaitement se battre dans le noir et ses sens étaient très développés. Elle demeurait tranquille. Erylis ignorait combien de temps elle allait rester ici, mais ce qui était sûr, c'est qu'elle ne laisserait pas la jeune femme mal en point toute seule, enfin, il y avait bien l'homme, qui restait planté ici. Mais Erylis ne donnait pas sa confiance à un inconnu. D'ailleurs, cela ne la dérangeait pas de rester ici, elle aimait aider les gens et était souvent dehors la nuit, pour se promener ou s'entraîner. La dernière fois, elle s'était entraînée au lancer de poignard dans le noir...

La jeune femme lança un regard au jeune homme. Que faisait-il ici ? Il ne venait pas venger les agresseurs punis, tout de même. Cet homme paraissait beaucoup plus intelligent que tous ces ivrognes, il ne leur ressemblait pas du tout heureusement. Oui, il possédait un physique assez étrange... Mais dans le genre étrange, Erylis n'était pas mal non plus. Bah. La seule question qu'elle pouvait se poser, c'était "Que voulait-il ?". À part la réponse à sa question, qu'il avait déjà obtenu. Erylis reporta son regard sur la jeune femme, prête à l'aider si besoin.

Un coup de tonnerre fit gronder les cieux, et la foudre le transperça, illuminant la nuit de manière éphémère. Aaron ne bougeait pas, toujours en face de la jeune femme, aux cheveux noirs qui se tenait face à lui. Etrange, il n'avait pas l'impression de voir là une femme capable d'éclater cinq hommes en même temps. Peut-être était-ce alors, son Pokémon qui s'en était chargé ? Il avait l'air robuste et puissant, il a sans doute joué un rôle important, dans cet affrontement. Tss, Aaron n'avait pas envie de se poser trop de questions. Il aimerait éclaircir tout cela relativement vite, mais comment ? Le jeune homme aux cheveux bleus laissa tomber sa cigarette dans le sable, vite éteinte par une pluie dont l'intensité se faisait plus au forte au fur et à mesure que les minutes passaient. Il ne quitta pas la femme qu'il avait en face de lui du regard. C'est vrai, qu'elle avait quelque chose de différente, mais quoi ? Il ne saurait le dire. Sa question ? Son réel but n'était évidemment pas de venger ces idiots qui avaient courus comme des animaux en fuite tout à l'heure. Non, ce qui était plus intéressant, c'était de savoir ce qu'il s'était déroulé, ici. La jeune feune femme ne tarda de toutes manières pas à répondre à la question d'Aaron. C'était bien elle, et son "Suicune" qui avaient sauvés la femme qui était à terre. Hm, comme il le pensait, le Pokémon avait bien joué un rôle dans cette bataille, et cela expliquait sans doute des choses au sujet de cette cuisante défaite. Mais ... "Suicune" ? Tiens ... il avait déjà entendu ce nom. C'était ... un Pokémon Légendaire ? Qu'est-ce qu'elle faisait, en compagnie d'un Pokémon Légendaire ? Cette histoire est relativement étrange, qui était cette femme ? D'autre part, et c'est bien ce qu'il avait pensé au départ, les types qui ont fuit tout à l'heure étaient loin d'être "clean" et ce fut donc une sorte de légitime défense. Ou plutôt, assistance à personne en danger. Tant pis pour eux, il n'en avait rien à faire.

« Je vois. Et c'est normal, que vous ayez un Suicune, avec vous ? » demanda simplement Aaron, par la suite.

Il aurait voulu dire quelque chose d'autre, mais quelque chose attira son attention. Il s'agissait de la jeune femme qui était allongée sur le sol, elle avait bougée. Avait-elle reprit connaissance ? Sans doute, puisqu'elle se tourna vers sa "sauveuse" et attrapa le bras de cette dernière. Hm ? Un signe de remerciement, peut-être ? Elle semblait néanmoins mal en point, et ce n'était sans doute pas en restant ici, qu'elle allait se sentir mieux, non ? La pluie continua à gagner en puissance, si bien que le bruit des gouttes supplanta bientôt celui des vagues venant de l'océan, ce qui n'était pas vraiment bon signe. Tiens ? Elle fumait aussi ? Bon, ça ne dura néanmoins pas longtemps. De loin, il entendit vaguement quelque chose sortir de sa bouche, à l'encontre de sa sauveuse improvisée. Mais aucun détail, néanmoins. La jeune femme possédant le Suicune reporta son attention sur celle qu'elle avait sauvée, et lui murmura également des paroles, inaudibles pour Aaron, placé trop loin de ces dernières. Qu'importe, cela ne le concernait sans doute pas. Tss ... finalement, il n'y avait pas de "Femme trop cheloue" ici ... décidément, ces types là étaient des erreurs de la nature. Que faire, maintenant ? Le fait est que, la situation bloquée actuelle, ne plaisait pas vraiment au jeune homme aux yeux émeraude et or. Cela était ... ennuyeux. Il était venu ici pour briser cet ennui. Il semblerait que ce soit un peu manqué, pour l'heure. Aaron ne bougea pas, retombant un peu dans ses songes. Cette femme, sa détresse pouvait se ressentir. Détresse, larmes ... non, ça ne servait à rien. Verser des larmes, ça ne servait vraiment pas. La pluie avait bien trempé ses affaires, maintenant. Aaron eu soudain l'envie d'une troisième cigarette. Ce n'était pas très bon pour la santé, mais tant pis. Le jeune homme mit sa main dans sa poche ... et il n'y en avait plus ?! Super.

Aaron fit quelques pas en avant. Ouais, il risquait sans doute de voir ls regards se tourner vers lui, des regards interrogateurs, suspicieux, méfiants. Qu'importe, il ne se faisait pas de souci à cet égard là. Pas du tout. De toutes manières, ses intentions ne sont pas mauvaises, que risquait-il de dangereux ? Enfin ... pas mauvaises. En un sens, seulement. Oui, parce que d'un autre coté ... ce n'est pas tellement bien, ce qu'il compte faire. Aaron continua ses quelques pas en avant, et se retrouva désormais à quelques mètres à peine des deux jeunes femmes qu'il avait en face de lui, ainsi que du Suicune qui veillait sans doute sur sa dresseuse. Ah moins qu'il ne choisisse libreement de l'accompagner, chose tout de même peu probable ... tss. L'avait-elle capturée, aussi ? Avait-il été soumis à l'être humain ? Avait-il vu sa liberté le quitter ? Cette femme capture t-elle des Pokémons pour en collectionner ? A cette pensée, Aaron se sentit légèrement irrité. Mais, il ne fallait pas tirer de conclusions hâtives, n'est-ce pas ? Il ne la connaissait pas. Et sa grande soeur lui avait dit que les Pokémons et les humains pouvaient être amis, chose qu'il a pu vérifier. Même si pour lui "amis" n'est peut-être pas le terme adéquat. Il n'avait pas voulu de son Roucoups, ni de son Nirondelle. L'un, avait été donné par sa soeur, et l'autre il l'avait recueilli pour le soigner. Il s'en occupait, mais "amis" n'était pas vraiment le terme à employer.

« Vous n'auriez pas une cigarette, s'il vous plaît ? » fit alors le dénommé Aaron, en s'adressant poliment à la jeune femme qui avait été agressée.

Ce n'était peut-être pas le moment, n'est-ce pas ? Tant pis. Ce qui est fait appartient désormais au passé, et on ne peut pas le changer. Ouais, on ne peut pas le changer du tout. Avec toute la fortune du monde ou avec toute la volonté, on ne rattrape pas le temps. Il ne nous attend jamais, ce temps. Et de toutes manières, on ne peut pas courir assez vite pour le rattraper. Les yeux d'Aaron se déposèrent sur la jeune femme qui avait vaincu les cinq hommes de tout à l'heure -avec certes, l'aide de son Pokémon Légendaire- pendant quelques secondes. La voix du jeune homme, tout de noir vetu retentit à nouveau, tandis que la pluie, elle, ne faiblissait pas.

« Êtes-vous de ceux, qui entravent la Liberté ? » demanda le dénommé Aaron, d'une voix un peu lointaine, comme s'il pensait à autre chose, en même temps. « Désolé, je vous pose peut-être des questions un peu bizarre. Néanmoins, il ne faudrait pas laisser cette jeune femme sous la pluie, n'est-ce pas ? » continua le jeune homme aux cheveux bleus.

C'est vrai que le temps n'était pas idéal pour elle. Cette dernière risquait d'attraper un rhume, ou une quelconque maladie. Tss ... depuis quand, il se souciait du sort des autres, lui ? De toutes manières, il n'allait sans doute pas rester longtemps. Il n'y avait plus grand chose à apprendre sur ces lieux, et peut-être qu'il allait se reposer, car le temps n'était finalement pas forcément propice à une petite escapade nocturne. D'un autre coté, il aimerait bien rester là, dehors, à contempler le monde nocturne. Les yeux bicolores du jeune homme se portèrent aux alentours, il n'y avait pas vraiment d'abris. Au bout de quelques secondes, il aperçu néanmoins des parasols. Leur but premier n'était forcément de protéger de la pluie, mais cela pouvait lui convenir. Il n'avait rien à perdre, après tout. Aaron y partira, sans doute.

Mes larmes séchèrent aussi vite. La dernière phrase que ma sauveuse m’avait dite retentit plusieurs fois dans ma tête. « Il ne faut pas regretter, il faut agir. », comme s’il y avait un écho dans mon esprit. J’en avais été incapable pendant toute ma vie. « Agir » était un mot trop difficile pour moi. J’avais toujours subi en esquivant les conséquences, je n’avais jamais fait attention à ce que je faisais, à qui j’étais. Je voulais paraître sûre de moi, c’était tout ce qui faisait ma personne aux yeux des autres. Mais au fond, je n’étais qu’une loque, cette nuit me l’avait prouvé. Il fallait que je me relève, que je passe au-dessus, que je réagisse… Non, que j’agisse.
J’essuyai mes yeux d’un coup de doigts, et je réalisai alors que la jeune femme avait placé sa main sur mon épaule. Ce contact chaleureux me passa un peu la pluie qui s’abattait sur mon visage. Je n’y pensais pas, au temps, même si j’aurais dû.

Recouvrant doucement mes esprits et l’usage de mes sens, notamment du toucher, je songeai à me relever physiquement lorsque le jeune homme, posté plus loin jusqu’ici, s’avança. Il semblait à la fois assuré et hésitant. Malgré moi, je sentis mes muscles se raidirent. Je ne voulais pas qu’il vienne trop près. Il s’approcha suffisamment pour que j’aie envie de partir en courant – ce dont j’aurais été incapable, mais passons. Puis, poliment, d’un ton plat, il s’adressa à moi :

- Vous n’auriez pas une cigarette, s’il vous plait ?
Choquée pendant quelques secondes, je restai à le fixer d’un regard noir. Mon cœur battait de stress dans ma tête.
Puis, comme si toute ma peur retombait d’un coup, j’exprimai un petit rire. Je me sentis idiote. Pourquoi aurais-je peur des hommes, et de ceux qui me demandaient une clope, alors qu’une telle situation ne m’était jamais arrivée auparavant ? J’avais toujours vécu la nuit, avec des types souvent louches, j’étais juste mal tombée ce soir. Je devais relativiser. Comme un ordinateur qui avait planté, je devais simplement redémarrer.
Je sortis mon paquet de cigarettes à peine entamé. Difficilement, je me redressai en position assise. Enfin, ce qui ressemblait à cette posture. Je n’étais pas très gracieuse dans cet état. Et ma blessure au ventre me faisait toujours souffrir. Après de longues secondes à me redresser, je regardai le jeune homme dans les yeux. Je lui tendis le paquet ouvert.

« Sers-toi. »

Trop familière ? Peut-être. Je m’en fichais. De toute façon, je ne pouvais pas faire bonne impression dans l’état dans lequel j’étais. Je me sentais sale, miteuse. Le seul phénomène étrange fut mon affection pour la pluie. D’ordinaire, je n’aimais pas trop ce type de climat, je n’aimais pas être mouillée par des milliers de petits éclats. Mais cette nuit, ces picots des nuages m’avaient donné un sentiment de fraicheur. Comme après une bonne douche chaude, mais en – beaucoup – plus rudimentaire. Je soupirai pour retenir un gémissement de douleur. Chaque respiration me faisait mal aux côtes. Par chance, en tout cas je l’espérais, ce type n’avait rien touché de dangereux. J’aurais juste une cicatrice de plus, au final.
L’homme se mit à poser d’étranges questions à la jeune femme tout à côté de moi. Je ne compris pas vraiment de quoi il parlait. « Liberté » ? Elle avait permis la mienne, elle ne pouvait donc pas l’entraver. Enfin, dans l’état dans lequel j’étais, je ne voulais pas chercher à comprendre.
Je regardai la jeune femme. Je souris puis baissai les yeux. Malgré moi, j’avais un respect énorme pour elle. Sans doute parce qu’elle m’avait sauvé la vie.

« Merci, pour tout. Merci. »

En prononçant ce dernier mot, je jetai un regard au Pokémon bleu, gigantesque, qui veillait d’un œil de gardien paisible et confiant. Il me paraissait si majestueux que lui aussi, je le respectais, sans vraiment savoir pourquoi. Peut-être juste sa taille imposante, au fond, mais j’avais le sentiment qu’il y avait quelque chose d’autre.
Lorsque le jeune homme suggéra de ne pas me laisser baigner dans l’eau de pluie, je songeai que c’était une bonne idée. Trempée d’eau et de sang, il ne fallait pas en plus que j’attrape quelque chose. J’avais une santé de fer, en temps normal, mais là, j’étais affaiblie. Je le vis regarder autour de lui et j’en fis de même, remarquant – comme lui d’ailleurs – des parasols un peu plus loin. Je pensai d’abord à rejoindre ma voiture, mais elle était relativement loin.

Je me relevai, maladroitement, comme un poulain venant de naître (oui, ridiculement). Une fois sur mes deux pieds, je me redressai. Prise d’une violente douleur au ventre, je me contractai aussi vite et chancelai. Décidément, c’était mal parti. Les dents serrées, je tentai de m’exprimer malgré le mal :

« Il y a… des parasols, là-bas… »

Dis-je en montrant la direction.
Je fis quelques pas, lents et raides. Je gardais la main sur ma blessure, ce qui la macula de sang. Je remarquai néanmoins que quelqu’un avait essayé de me soigner. Cette jeune femme, sans doute. Ma bienfaitrice.
J’essayai de continuer mais chancelai à nouveau et failli retomber à plat dans le sable. Un genou à terre, je me relevai encore, puis je restai figée. Il valait peut-être mieux que je reste là à me noyer… ou que je me mette à ramper…

Erylis demeura impassible lorsque le jeune homme demanda une cigarette. Mieux valait ne pas rester là dessus, elle qui s'étranglait tous les jours en apprenant plus sur cette société corrompue. Après avoir entendu maintes horreurs, elle ne se choquait pas de ce genre de comportement. La jeune femme inclina la tête et sourit aux remerciements de son interlocutrice. Qui donc aurait pu passer sans rien faire ? Erylis se tourna alors vers le jeune homme qui s'adressait à elle. Entraver la Liberté ? Jamais. Jamais. Sa liberté était l'une de choses auxquelles elle tenait le plus. Jamais elle ne volerait la liberté de son prochain. Ses trois plus fidèles amis s'étaient attachés à elle et avaient décidé de rester à ses côtés. Erylis en avait été si heureuse... Mais ç'avait été leur choix. Bien qu'elle l'avait désiré de tout son cœur, qu'ils viennent à ses côtés, jamais elle ne les aurait forcés.

Ne sont à mes côtés que ceux qui ont voulu suivre mes pas.

Répliqua-t-elle simplement. Elle hocha la tête aux paroles du jeune homme et suivit son regard qui s'était porté sur des parasols. La jeune femme tenta de se lever et esquissa péniblement quelques pas. Elle tomba finalement dans le sable. Erylis la rejoignit suivie de Suicune. Elle s'accroupir devant la jeune femme, décidée à l'aider. Elle lui tendit les mains pour qu'elle puisse se relever avec moins de difficulté :

Je vais vous aider.

Je peux la porter, Erylis.

Le regard d'Erylis se posa sur Suicune, qu'elle aimait tant. La panthère des eaux se rapprocha.

C'est gentil de ta part, Suicune. Erylis s'adressa à la jeune femme : Suicune vous propose de monter sur son dos, si vous vous sentez incapable de marcher.

Erylis affichait clairement qu'elle pouvait communiquer avec les Pokémon. Elle se fichait de ce qu'on pouvait penser d'elle, elle était libre. S'ils la prenaient pour une folle, tant pis pour eux. S'ils étaient de personnes intelligentes, tant mieux. La jeune femme était toujours accroupie devant son interlocutrice. Elle prit son gilet, le dépoussiéra et le posa sur les épaules de la jeune femme. Ce n'était pas grand chose, mais si cela pouvait l'empêcher d'avoir froid.
Soudain, des pas se firent entendre dans le sable, et des jurons. Erylis fit volte-face, la main à ses fourreaux. Quatre hommes baraqués, au regard égrillard, s'approchaient d'eux. La jeune femme se tint prête à bondir...
Les quatre hommes désignèrent Erylis. Leurs regards évaluèrent les courbes harmonieuses de la jeune femme, puis leur regard se fit menaçant :

On s'en prend pas à nos amis ! T'aurais pas dû les tabasser, parce que maintenant c'est avec toi qu'on va jouer...

Ils éclatèrent de rire. Erylis serra les dents. Misérables idiots. Ils ne savaient pas à qui ils s'en prenaient. Un sourire cynique se dessina sur les lèvres de la jeune femme, qui ne bougea pas. Les quatre hommes sortirent leurs couteaux. Minable. Erylis était prête à les humilier. Le premier fonça sur elle.

Erylis était déjà en train de lui entailler la gorge avec son poignard. Un filet de sang coula doucement. Elle s'attarda sur son cou, le regard brûlant. Il frissonna, voulut l'attraper.... Un coup de poing dans le ventre le plia en deux.

Erylis avait désormais son couteau dans la main, il était vulnérable. Elle le renversa d'un coup de pied, il s'enfuit en courant, abandonnant ses compagnons. Ils s'en prenaient à deux à la jeune femme. Tournoyant sur elle-même, elle subtilisa leurs couteaux, leur dessina comme à leurs prédécesseurs de belles balafres sur les joues. Erylis déjouait toutes les ruses, atteignait chaque point faible, rapide comme un tourbillon. Bientôt, elle se retrouva face au dernier homme, laissé seul par ses compagnons. Il tremblait :

Tu veux subir le même sort qu'eux, peut-être ?

Il s'enfuit aussitôt. Erylis soupira. Quelle bassesse... Quelle lâcheté... Ils avaient cessé de fanfaronner en se frottant à la jeune femme.
Suicune était resté près de la jeune femme pour veiller sur elle. Erylis revint vers elle, la main toujours sur ses fourreaux, tous ses sens en alerte.

Demander une cigarette à une femme étendue au sol qui venait de se faire agresser. Pff, franchement, il avait de ces idées, parfois. Mais bon, ce n'était pas si grave. Enfin, cela aurait pu l'être. En effet, l'interlocutrice d'Aaron se figea pendant un instant. Un instant qui avait tout de même une certaine signification, qui était révélateur de l'idée un peu idiote du jeune homme aux yeux bicolores. D'autant plus que la jeune femme lui lança un regard noir qui n'était pas très amical, aux premiers abords. Rien de bien étonnant, si on se penche sur le manque de tact dans la demande du jeune homme tout de noir vêtu. La réaction de la jeune femme était donc parfaitement compréhensible. Mais, cette dernière finit par reprendre ses esprits et on pu même entendre un faible rire de sa part. Quelques instants suffirent, pour qu'un paquet de cigarette soit à portée de main d'Aaron. Ce dernier le regarda un instant. "Sers-toi" avait-elle dit. Alors, il allait faire ce qu'elle voulait, non ?

« Merci. » Répondit simplement le dénommé Aaron, d'une voix relativement neutre.

Il restait alors la seconde jeune femme, qui avait sauvée la première. [Note du RP Player: Oui je sais, vous le savez, mais c'est histoire de rappeller un peu l'histoire, roh !] Aaron lui avait posée des questions plutôt étranges en un sens. Et peut-être pas tout à fait claires, mais visiblement, au vu de sa réponse, la jeune femme aux cheveux noirs avait parfaitement saisit le sens des propos d'Aaron. En effet, la "propriétaire" du Suicune, répondit que seuls ceux qui avaient envie de la suivre, étaient venus avec elle. Aaron hocha simplement la tête, signe qui aurait pu se traduire par deux simples mots: "Je vois." Même si, "voir" dans son cas était devenu une affaire plus personnelle. Le jeune homme aux cheveux bleus alluma sa cigarette, offerte gentiment par la blessée. Il n'en avait prit qu'une. Inutile d'en prendre beaucoup plus, cela suffirait sans doute pour ce soir. Aaron n'était pas vraiment accroc à ces choses là, bien qu'elles le soulageait parfois, en un sens. D'ailleurs, il trouvait ça un peu idiot, à y repenser. Peut-être qu'un jour, il songerait réellement à stopper cette consommation coûteuse en argent et en minutes d'existence dans ce monde. [Ceci n'était pas un message subliminal adressé à Wolf Print et à Lou pour leur demander d'arrêter de fumer]. Un léger silence s'installa, mais il fut rapidement rompu par la jeune femme qui avait été agressée plus tôt dans la soirée. Cette dernière bougea, et tenta de se lever. Aaron la regarda du coin de l'oeil, toujours en train de se tuer les poumons, tandis qu'elle partait, en direction ... des parasols. Oui, ceux qu'il avait apperçu, tout à l'heure. La cigarette s'éteint sous l'intensité de la pluie qui redoubla, avant qu'un bruit ne fit revenir le jeune homme sur terre. Elle était tombée. La "blessée" était tombée dans le sable, sans doute encore trop affaiblie pour pouvoir faire quoi que ce soit d'autre que marcher avec difficulté. Sa bienfaitrice ne tarda pas à venir à ses cotés, accompagnée par son Suicune. Que ce dernier ait choisit cette femme pour l'accompagner, signifiait forcément qu'elle était spéciale, mais en quoi ? Aaron laissa passer cette pensée dans un coin de sa tête. Il y avait des poubelles plus loin, il pourrait aller y jeter son éphémère cigarette. Ayant grandit dans un milieu proche de la nature avec son père et sa soeur, il avait l'habitude de ne pas trop la polluer. Il trouvait néanmoins cela ridicule, quand on sait qu'il abattait des Pokémons pour les revendre.

Une phrase le fit à nouveau redescendre de la lune. La jeune femme qui était accompagnée d'un Suicune avait annoncée à celle qui était encore affaiblie, que son Pokémon Légendaire voulait l'aider, en lui proposant de monter sur son dos. Aaron écarquilla légèrement les yeux, l'espace d'un instant. Ainsi, cette femme était capable de parler avec ses Pokémons ? Etonnant. C'était plus que de la misérable communication comme les dresseurs le font avec leurs Pokémons, lors des combats. Chose absurde, également. Aaron avait déjà pu voir quelques "matchs Pokémons" et n'en avait toujours pas trouvé l'interêt. Bah, oui. Partir en voyage, capturer des Pokémons sauvages et les faire frapper les Pokémons des autres pour obtenir des badges, c'était particulièrement stupide de son point de vue. C'est une atteinte à la Liberté, ça, non ? Tss, il préférait ne pas y penser. Par ailleurs, il se demandait bien, comment ces jeunes femmes s'appellaient ? Depuis qu'ils s'étaient rencontrés, personne n'avait dévoilé son identité. Bah, peu importe, ce n'est pas encore si grave, non ? Un bruit attira son attention. Des rires, des jurons même. D'autres hommes arrivaient ? Aaron tourna rapidement son regard vers eux. Ils venaient pour venger "leurs amis" ? Cela signifiait donc logiquement qu'ils étaient aussi stupides que ces derniers, et que par conséquent, ils allaient faire des actes stupides. La cible ? La jeune femme au Suicune. Logique, aussi. C'était elle la "coupable". Cela pouvait être intéressant, qui sait ? Cette fois-ci, Aaron était aux premières loges pour assister à cette confrontation. L'aider ? Pourquoi cela ? Vu ce que les autres ont reçus, l'homme aux yeux bicolores ne s'inquiétait pas le moins du monde pour son sort. Pourquoi d'ailleurs, aurait-il à s'inquiéter ? Il ne la connaît pas, elle ne le connaît pas, fin de l'histoire. Et puis de toutes manières, il y a toujours le Suicune posté non loin de là qui pourrait la soutenir en cas de besoin, non, vraiment, il n'y a aucune raison de s'en faire. Et le déroulement de l'affrontement donna raison au jeune homme. Les agresseurs furent rapidement mit hors d'état de nuire, et partir tous en courant. Qui était cette femme ? Elle avait fait preuve d'une force, d'une agilité et d'une rapidité étonnante, pour venir à bout de ces imbéciles. Définitivement, cette femme avait quelque chose de spécial, mais quoi ? Outre le fait de pouvoir communiquer parfaitement avec son Suicune, - chose qu'Aaron n'a jamais fait. Jamais il n'a entendu son Roucool dire: "Salut Aaron !" - elle fait également preuve d'une aisance certaine au combat. Le combat était déjà terminé. Ils se dirigeaient tous vers les parasols. Ouais ... il fallait être à l'abri, de la pluie. La pluie ... cette nuit là, aussi, il avait beaucoup plu. Et uniquement lorsqu'il était sorti des souterrains. Comme, la main du destin. Sa soeur et son père venaient d'être tués. Aaron était là, à Cimetronelle, cherchant son chemin, tandis que les larmes coulaient à flots sur ses joues, de ses yeux rougis par l'émotion et la colère. Il trouvait que le monde était injuste, et ne comprenait vraiment pas ... ils n'avaient fait que survivre. Du moins, il avaient essayés.

Un coup de tonnerre violent le fit revenir sur terre. Entre temps, perdu dans ses songes, il avait perdu un peu de terrain sur les autres qui se dirigeaient vers les parasols, à l'abri de cette eau abondante qui tombait depuis les cieux. Tss, il soupira vaguement, avant de reprendre à son tour, le même chemin. Autant replonger, dans le présent, et laisser tomber un instant, le passé qu'il portait sur ses épaules malgré tout. Laisser tomber un instant ... mais ne jamais l'oublier. Oui ... oublier le passé, était impossible. D'ailleurs, il ne le souhaitait pas. Aaron trouvait toujours un peu étrange, les personnes qui voulaient enterrer leurs passés, quel était le but ? Se voiler la face ? Faire semblant de vivre ? Tss, ils n'y arriveraient pas, aucun doute là-dessus. Aaron arriva au niveau de la femme qui venait une nouvelle fois de mettre hors d'état de nuire ces types qui ne pensaient pas par leurs cerveaux, mais par autre chose si vous voyez ce que je veux dire. Ces animaux sauvages ... pff, pitoyables, rien de plus ...

« Dîtes moi. » fit Aaron, en s'adressant à la dénommée Erylis. « Qui êtes-vous ? Je n'ai jamais entendu parler d'une personne telle que vous. » conclut-il alors.

Aaron jeta également un coup d'oeil à la jeune femme sur laquelle veillait le Pokémon Légendaire Suicune. Sous les Parasols, il y aurait moins de problème causés par la pluie sur sa santé. Sans doute. Il vaudrait mieux, en tout cas. Quelques secondes suffirent à Aaron pour arriver jusqu'à ces fameux parasols, enfin à l'abri du torrent d'eau qui avait commencé à recouvrir la plage. Pfiou. Voilà, maintenant. Ses cheveux ainsi que ses vêtements étaient désormais complètement trempés. Il n'avait peut-être bien fait de venir jusqu'ici. D'ailleurs, il venait de se souvenir, qu'il y avait des choses étranges qui se passaient en ce moment dans la ville Shi, la nuit. Que se passait-il, déjà ? Aaron ne s'en souvenait plus vraiment. Mais, il l'avait lu, dans le journal il y a quelques jours. Quelque chose d'étrange se passe ... ce n'était pas les voyous, mais quoi donc ? Le jeune homme n'avait pas donné d'importance particulière à cette nouvelle, elle concernait ... des disparitions, oui. Mais, ce n'était sans doute pas ces vulgaires bêtes humaines qui en étaient les responsables. Bon, il aurait le temps, d'y penser, plus tard, de toutes façons.

[Un message subliminal ? Où ça ? ^^]

Chaque respiration était courte pour éviter de déployer ma cage thoracique et ainsi me faire moins mal. Ma bienfaitrice, revenue à mes côtés, me confia que son Pokémon bleu voulait bien me prendre sur son dos, enfin, de ce que je compris en entendant le nom « Suicune ». J’en avais vaguement entendu parler, dans des livres notamment. De là à le reconnaître au premier regard, il y avait une marge. Je me demandai comment elle avait su ce que le Pokémon avait pensé. Pouvait-elle communiquer avec eux comme avec un être humain ? Cela m’était inimaginable, mais après tout, je n’avais de contact avec ces « monstres » que depuis quelques semaines. L’univers de ces créatures ne m’était pas du tout familier, bien au contraire.
Je regardai le Pokémon en question. Il était fier, majestueux, et me fixait d’un œil bienveillant. Je regardai sa Dresseuse.

« C’est gentil, mais je ne voudrais pas salir sa belle fourrure. »

Non, je n’avais pas envie de mettre du sang partout sur le dos de la bête. Puis, comment aurais-je grimpé là-dessus ? Enfin de toute façon, je devais bien être capable de marcher. Je devrais de toute façon rentrer chez moi à un moment ou à un autre, et je devais pour ça prendre ma voiture. Il fallait bien que je me reprenne, douleur abdominale ou non.
La jeune femme, toujours en face de moi, prit un gilet noir et le posa avec adresse sur mes épaules. Malgré le fait que le vêtement avait été mouillé, il m’emplit de son odeur. Le genre qu’on ne sent nulle part ailleurs, un parfum frais et naturel, me rappelant une forêt, en même temps une montagne, et surtout une féminité sauvage. Je songeai tout aussi vite à autre chose. Je n’allais pas rester à renifler ce gilet pendant des heures, non plus.
Je pris les mains qu’elle me tendait et m’appuyai mais pas trop fort. Je voulais quand même me relever par moi-même, histoire de ne pas paraître trop faiblarde.

« Merci… »

Dis-je simplement, lorsqu’un bruit attira mon attention. Je reconnus des voix masculines, plus ou moins semblables à celles de mes agresseurs. Le ton agressif mais bête, des jurons plein la gorge. Je me tournai et écarquillai le regard légèrement, je me mis à stresser. Quatre hommes, de nouveau, s’approchaient vite. Ils cherchaient la bagarre, c’était évident. Sans y réfléchir, je reculai jusqu’à me retrouver contre le Pokémon bleu. Je lui jetai un regard, il en fit de même. Il semblait confiant, lui, ce qui me rassura un peu. Néanmoins, je restai fixe. Je ne parvins plus à bouger.
Les bad boys désignèrent ma bienfaitrice en s’adressant à elle d’un ton indigne d’une femme. Ils voulaient venger leurs copains. Je ne savais pas réellement ce qu’il s’était passé, mais je me doutais qu’elle les avait fuir avec force et non avec de belles paroles. J’avais envie de leur vociférer de quitter la zone, mais je me contentai d’inspirer à fond pour me calmer. Je supposai que j’étais toujours un peu traumatisée…

Je regardai la jeune femme qui resta impassible jusqu’à ce qu’un étrange rictus apparaisse sur son visage. Elle restait sans bouger, et semblait confiante. Les hommes sortirent des lames qu’ils brandirent pour la menacer et l’un d’eux s’avança. Vive comme l’éclair, elle retourna la situation à son avantage et le prit de court. Je n’en croyais pas mes yeux. Aussi vite, deux autres se lancèrent sur elle, mais elle n’en démordait pas et les maîtrisa en quelques secondes. Comme une princesse guerrière dans un jeu vidéo fantaisiste, elle virevoltait, laissait s’exprimer ses poignards sur leur face. Je restai figée, à la regarder. J’étais sublimée par ses gestes, aussi violents que gracieux. Moi, je restai pelotonnée à côté du Suicune. Mais je ne manquais rien du spectacle, une certaine joie sadique m’envahissant la poitrine.
Lorsqu’elle eut fini avec les trois premiers assaillants, le dernier fuit la queue entre les pattes sans qu’elle ait besoin de montrer à nouveau sa force. Puis elle revint vers moi. Je réalisai seulement à cet instant qu’elle disposait de plusieurs armes solidement attachées autour de sa taille. Elle était vraiment une guerrière, alors ?

Sans en discuter d’avantage – personnellement, je restai sans voix un moment –, nous nous dirigeâmes vers les parasols où nous trouvâmes un abri contre la pluie. C’était quand même plus agréable, de l’entendre sans la ressentir. Le tonnerre grondait et zébrait le ciel obscur de temps à autre. Combien de temps devrait-on rester ici ?
Je me tournai vers la jeune femme et sourit.

« Je vous veux comme garde du corps. »

, dis-je pour détendre l’atmosphère lourde de cette nuit orageuse.

« Au fait, je m’appelle Nami Nishabi. »

Je ne savais pourquoi j’avais dit mon nom de famille, je ne le disais jamais, sauf en cas de rencontre officielle. C’en était peut-être une, pour mon inconscient. De plus, j’avais changé de nom il y a quelques semaines, prenant celui de ma mère. Remplaçant celui de mon ivrogne de paternel ne m’avait fait que du bien, mais j’avais toujours du mal à m’habituer, malgré tout.
Le jeune homme nous rejoignit enfin. Il s’adressa à la jeune femme en lui demandant qui elle était. À sa seconde phrase, je me dis que moi non plus, je n’avais jamais rencontré de personne telle qu’elle. Je brûlais d’en savoir plus sur elle, moi aussi. Elle paraissait si mystérieuse que c’en devenait intéressant. Puis, j’étais d’un naturel curieux dans ce genre de situation. Je regardai le ciel en pensant à voix haute.

« Et dire qu’on me disait de me méfier de la jungle, alors que j’habite tout à côté. C’est plutôt la plage, le danger… »

Le ciel devenait de plus en plus violent, la pluie battante. Les éclairs en étaient même étrangement forts. C’était le premier orage que je vivais depuis mon arrivée ici. À Volucité, je n’avais que peu l’occasion de les voir entre les pics des gratte-ciel. Mais sur cette plage, je me sentis toute petite à côté de la nature, et surtout du tonnerre. Cette nuit était définitivement étrange, et j’avais le sentiment que quelque chose allait se passer… Mais peut-être était-ce juste parce que j’avais vécu un choc psychologique…

Erylis avait éveillé les curiosités, elle le voyait. Elle décida de répondre franchement, sans pour autant donner des précisions. Elle se tourna vers le jeune homme et planta son regard d'émeraude dans ses yeux bicolores :

Une princesse sans royaume.

Déclara-t-elle d'un ton dur qui n'admettait plaisanteries. Peut-être que ses deux interlocuteurs seraient assez intelligents pour se rendre compte qu'elle n'énonçait que la vérité. Elle les accompagna jusqu'aux parasols mais resta en dehors, appréciant la pluie. Elle était trempée, trempée, mais s'en fichait. Suicune restait à ses côtés. La jeune femme qu'elle avait sauvée se présenta alors, tout en plaisantant. Nami, s'appelait-elle. Erylis se demanda alors si elle leur dirait son vrai nom. Erylis, et pas Ryla, son prénom d'emprunt. Après tout, que risquait-elle ? Après l'avoir vue à l'œuvre, ils n'oseraient pas attenter à sa vie, et elle avait sauvé la vie de Nami. Cette dernière ne lui ferait pas de mal. Et puis, peut-être ne connaissaient-ils pas la légende de l'Émeraude... La légende qui traçait la vie d'Erylis la princesse. Erylis n'était pas une légende, elle était bien vivante. Nul ne savait comment sa vie avait pu être tracée et écrite sous forme de légende. En tout cas, elle savait que c'était un mythe sérieusement étudié... Mais sur Yokuba, elle ne risquait pas grand chose. Elle pratiquait l'art du combat avec brio, était une guerrière chevronnée. Elle pouvait réduire n'importe qui au silence. Erylis pouvait faire confiance à Nami, elle lui avait sauvé la vie et la jeune femme ne serait certainement pas une ennemie pour elle. Mais le jeune homme ? Elle n'en savait rien. Eh bien, ce n'était pas grave. Elle ne prenait pas trop de risques en révélant son vrai prénom.

Je crains que cela soit impossible, Nami... Mais je serais enchantée de vous enseigner ce que je sais. Je suis... Erylis.

Le regard de la jeune femme se fit plus éclatant encore. Erylis leva le regard vers le ciel. Menaçants, les nuages gris foncés s'amoncelaient. Les éclairs illuminaient le ciel, le tonnerre grondait sa rage. La pluie redoubla. Erylis braqua son regard sur Nami lorsque cette dernière prit la parole.

En effet, entre l'humain et le Pokémon, je considère l'humain plus dangereux.

Répondit la jeune femme. Le jeune homme au regard bicolore ne s'était toujours pas présenté. Il faisait ce qu'il voulait, après tout, Erylis avait failli leur donner un faux nom.

Suicune désigna les couteaux qu'Erylis avait subtilisé aux quatre énergumènes. La jeune femme les évalua d'un regard de connaisseur. Car oui, elle s'y connaissait, en lames. Et les lames qu'elle examinait était de très, très mauvaise qualité. Néanmoins, mieux valait ne pas les laisser traîner :

Ces lames ne sont pas de bonne qualité, mais si vous en avez l'envie, prenez.

Erylis les posa sur le sable. Ses lames à elle étaient de vrais bijoux, de vraies perles rares. Nulle part ailleurs, on ne trouvait un tel acier. Elles avaient été forgées dans les plaines d'Emeraude, et leur fabrication était un grand secret qui se transmettait au forgerons de père en fils. Ah, Erylis était nostalgique... Cela lui arrivait souvent. Elle n'arrivait pas à se résigner. Au fond, met-être y avait-il un espoir... Enfin. Ce n'était pas le moment de se perdre dans de telles pensées, surtout pas.

[Wolf Print --> Si je le disais, ce ne serait plus un message subliminal ! Puis, peut-être y'en a t-il simplement pas, qui sait ?]

Il continuait de pleuvoir, encore, encore. Cela ne s'arrêtait pas, mais le calme était revenu parmi les trois personnes qui restaient. L'épisode du combat solitaire d'Erylis contre les vieux détraqués n'a duré qu'un court instant, et représentait l'unique moment où le calme avait été brisé cette nuit, depuis qu'ils s'étaient rencontrés. Mais quelque chose lui disait, que ce ne serait pas le dernier. Une simple intuition, rien de plus, rien de moins. Mais bon, cela lui trottait tout de même dans un coin de son esprit. Mais, Aaron allait découvrir des choses, ce soir. Ainsi, la jeune femme qui maniait si bien les lames était la princesse d'un Royaume. C'était ce qu'elle avait répondue, après une question simple de la part du jeune homme (un "Qui êtes-vous"). Son ton sérieux traduisait la véracité de ses propos. De nos jours, on ne trouvait plus beaucoup de royaumes, pourtant. C'était étrange, que faisait-elle à Yokuba ? C'était sans doute un concours de circonstances, et sans doute qu'une histoire relativement dure se cache derrière tout ça. Ils venaient à peine de se rencontrer, Aaron n'allait pas lui demander de déballer sa vie ainsi, c'était relativement risible. La princesse allait également révéler son identité, suite à des propos de la part de celle qu'elle avait sauvée. Cette dernière en profita également pour donner son nom: Nami Nishabi, tout en plaisantant sur les capacités de la jeune princesse qui l'avait sauvée de ces imbéciles d'hommes sans scrupule. Ainsi, notre princesse révéla son identité avec plus de précision: Erylis. Tout en oubliant pas de refuser poliment la proposition de Nami. D'ailleurs, Nami avait éveillé quelque chose en Aaron: en parlant de cela, elle lui avait rappellé qu'il allait devoir trouver un travail à durée déterminée rapidement. Même s'il a plus l'impression de rendre des services que de faire des travaux véritables, ce n'était pas bien grave. Ah, puisque tout le monde donnait son nom, autant donner le sien, non ? Néanmoins, le jeune homme aux cheveux bleus était un peu en retrait par rapport au lien qui existait entre Erylis et Nami -et il n'a pas tout fait pour entrer dedans non plus c'est vrai- mais bon, une question de "politesse", c'est ça ? Alors, autant le faire, il ne risquait pas non plus des tonnes de choses. Quoiqu'il est vrai que sur le Continent, la Famille Reiden avait était connue pour son braconnage, et ainsi, pendant un temps, exposé aux médias.

« Pour ma part, je m'appelle Aaron. Aaron Reiden. » annonça le jeune homme aux yeux bicolores.

Même si cela ne risque pas de changer grand chose, mais ce n'est pas très grave. Nami remarqua alors que la plage avait été plus dangereuse pour elle que la Jungle Kusaki, dont la réputation donne pourtant des sueurs froides à quiconque voudrait y faire un pique-nique là-bas. C'était vrai. Les Pokémons sauvages étaient relativement agressifs là-dedans, Aaron avait déjà fait quelques escapades là-bas, et ce n'était pas vraiment de tout repos. Erylis fit une petite remarque, à propos du danger, de manière comparative, entre l'humain et le Pokémon. L'humain était plus dangereux, selon cette dernière. Tss. C'était vrai en plus. Les Pokémons ne pratiquaient pas le braconnage, eux. Aaron ne répondit pas, restant figé à quelques encablures des deux jeunes femmes, sous le Parasol qui les protégeaient de la pluie intense et continue. Elle devait limite fatiguante, cette dernière, quand est-ce qu'elle se déciderait enfin de se stopper ? Les épais nuages noirs et les éclairs qui les illuminaient n'abondaient malheureusement pas dans le même sens. C'était plutôt le contraire, dirion-nous. C'était ... frustrant. Cela fait un bout de temps qu'il n'y a plus eu pareil orage sur Yokuba, et il a fallu que cela arrive ce soir, bien entendu. C'est le coup de pouce du destin, hein ? Toujours là au bon moment, celui-là.

Aaron redéposa son regard Erylis, qui était en train "d'étudier" les lames des agresseurs de tout à l'heure. Elle devait sans doute faire partie, non seulement de la royauté de son peuple, mais avoir une filiation avec son armée, non ? D'habitude, les princesses étaient plutôt vus comme de fragiles femmes, mais là, c'était tout le contraire. Mais bon, Aaron avait déjà posé suffisamment de questions sur cette jeune femme pour ce soir, non ? Ouais, sans doute. Il se tut, et se posa sur le ... hm ... objet sur lequel on peut s'allonger, en-dessous des Parasols. [Note de l'auteur: Si mes RP's Playeuses de partenaires pouvaient me donner leurs noms par MP, ce serait cool, merci ! *Sort]. Finalement, j'ai trouvé donc c'est inutile. Retour au RP !

Hm. Aaron s'assied en partie sur le grand transat qui était protégé des cieux par le Parasol de grande taille qui le surplombait. Cette soirée commençait à devenir un peu crispante, dans cette atmosphère peu propice à la tranquilité. Dans le noir, sous la pluie, avec des types étranges qui rôdaient aux alentours. Sur Yokuba, finalement, tout n'était pas vraiment rassurant. Il y avait d'étranges choses ici, malgré tout. Ah, tiens, c'est peut-être le moment, de poser cette question, sur les récents évènements. Il faudrait aussi qu'Aaron sache si ces deux jeunes femmes étaient présentes depuis assez longtemps sur l'île. Puisqu'il avait lu que des disparitions avaient lieu depuis un certain temps sur Yokuba. Mais de toutes manières, Aaron n'était pas un policier, ni un détective privé, donc il ne s'intéressait pas davantage à cette histoire. Mais là, l'heure n'était-elle pas propice à un kidnapping ? Sans doute que oui. Et plus que l'heure, le temps est également dans la même ligne de conduite, puisqu'il est difficile de voir et d'entendre avec une telle averse. Finalement, il aurait mieux fait de regarder Yokuba Météo avant de sortir prendre l'air. D'ailleurs, ils devaient en parler dans le journal, comment se fait-il qu'il soit passé outre ce détail ? Cela le concernait directement, pourtant. Alàlà. Faire attention, il devait faire plus attention à l'avenir. C'était assez fatiguant de voir cela. Quand les choses échappent à notre contrôle, tout devient plus difficile et frustrant.

« Depuis combien de temps êtes-vous sur Yokuba ? » demanda Aaron en s'adressant aux deux jeunes femmes qui se trouvaient à ses cotés. « Avez-vous déjà entendu parler, de choses étranges qui survenaient la nuit ? » continua t-il sur un ton relativement calme.

Bon, comme ça, c'était fait. Si les réponses étaient négatives, tant pis, sinon, eh bien le jeune homme au regard bicolore trouverait peut-être de quoi se distraire dans les jours à venir. Ou de gagner un peu de sous, qui sait, quelqu'un a peut-être été directement touché par ces évènements. On ne sait jamais. D'autant plus que Yokuba n'est pas forcément un havre de paix dont tout le monde rêverait. Ce n'est qu'une illusion, et si besoin, la preuve de la part des idiots de tout à l'heure consititue un exemple assez ... parlant. Aaron soupira un peu, l'ennui commençait à le gagner, mais cette pluie l'empêchait d'aller ou que ce soit. Néanmoins, quelque chose attira son attention. Il y avait eu un bruit, dans les environs. Etant donné que sa vue est parfois défaillante, ses autres sens ont compensés, et son ouïe ne le trahissait que rareme,t. Peut-être que ce soir, elle a été brouillée par le vacarne causé par la pluie et par les vagues qui provenaient de l'Océan, mais on ne sait jamais. Il faut toujours se méfier. Aaron se leva du transit et posa ses yeux bicolores vers une les ténèbres qui entouraient désormais la plage. Il y a ... comme une présence, ici. Comme si quelqu'un les observaient. C'était ce qu'il ressentait, mais était-ce la réalité ? Les intempéries ont déjà été cités, mais cela pourrait simplement venir du fait que le jeune homme soit relativement fatigué, non ? Mais il n'en avait pas l'impression. Il y avait bien quelque chose qui se tramait. Son regard se porta à droite et à gauche.

« Je pense que quelqu'un, ou quelque chose, n'est pas loin. » annonça t-il, d'un ton calme.

Le jeune homme mit rapidement la main près de sa ceinture, et en sortit son révolver. Une arme à feu, oui. C'était toujours mieux pour sa propre sécurité, non ? De toutes manières, il en avait besoin. Et comme ça, il n'oublierait pas d'où il venait, également. Malgré le fait, que ces souvenirs, étaient loin d'être reluisants. Mais, soit ! L'heure n'était pas à la rêverie. Si quelqu'un (ou quelque chose) était dans les environs, et n'avait pas envie de se montrer, il serait possible que ce soit une créature hostile. Mais, de toutes manières, il y avait un Suicune ici, non ? En théorie, il n'y avait pas tellement de choses à craindre quant à une agression, mais on n'est jamais trop prudent. Et puis, une vie est précieuse, nous ne sommes pas sûrs d'en n'avoir plus qu'une. Alors, il faut faire attention, toujours. Aaron restait sur ses gardes.

Lorsque la jeune femme annonça qu’elle était une princesse sans royaume, je ne relevai pas. Son ton et son air si sérieux en disaient long sur une douloureuse nostalgie, voire sur des événements tragiques de son passé dont elle ne voudrait certainement pas parler. Mais je la croyais. Et j’imaginais déjà un peuple perdu dans les montagnes ou dans une forêt magnifique, vivant selon ses lois et ses règles, peu soucieux du reste de l’humanité. C’était ce que son odeur m’inspirait, en tout cas. Mais peut-être que je m’égarais complètement que j’avais trop d’imagination. Je m’en fichais de toute façon, je ne lui poserais pas plus de questions à ce sujet. Je me demandai néanmoins ce qu’elle faisait ici, à Shi. Certes, c’était une ville en communion avec la nature – ou à peu près – mais ce n’était pas une île paradisiaque non plus. Bref, elle répondit à ma « plaisanterie ». Bien entendu, c’était impossible. C’aurait été passionnant, mais c’était impossible. Elle se présenta après m’avoir proposé de m’apprendre ses savoirs. Je souris d’un air un peu gêné.

« Ah, je serais une mauvaise combattante. Je n’ai que 22 ans mais j’ai déjà perdu pas mal de souplesse ! Vous, vous avez dû vous entraîner des années pour atteindre un tel niveau. Vous êtes fantastique, en tout cas. »

J’avais failli dire « magnifique », mais j’avais craint que ce soit un peu déplacé. Soudain, je me demandai comment je devais l’appeler, au cas où. « Princesse » ? Devais-je faire la révérence ? Garder toujours la tête en-dessous de la sienne ? Je ris intérieurement à mes bêtises. Si je lui manquais de respect, elle me le ferait savoir, de toute façon. Eh puis, une sorte de lien de sang étant né entre nous – bah oui, mon sang avait maculé ses mains et ses vêtements. Alors elle n’hésiterait pas à me parler franchement, du moins c’était ce que j’espérai.
Le jeune homme se présenta également. Il restait un peu à l’écart, comme s’il était méfiant. Peut-être était-il simplement solitaire. Il m’inspirait un sentiment étrange, je n’avais pas tout à fait confiance en lui, à tort ou à raison. Son air torturé me mettait un peu mal à l’aise. Lui aussi semblait revenir de loin. Bref, lorsqu’il énonça son nom, je le regardai et lui souris.

Après que j’aie évoqué la jungle, Erylis me confia que les humains étaient plus dangereux, selon elle. Je ne savais pas trop quoi en penser. J’avais toujours plus de crainte vis-à-vis des Pokémon, alors que j’avais le contact facile avec les gens, en général. À l’exception de ce soir et de mon père au tout début, je n’avais jamais eu vraiment peur de qui que ce soit. Alors que les Pokémon… rien que ce monstre bleu. D’un coup de patte, il pouvait me retourner et me briser la nuque. Comment penser qu’ils sont moins dangereux ? Ils peuvent être si rapides, précis, puissants… Non, les Pokémon, ce n’était pas mon truc. Je savais que de nombreuses personnes les aimaient, en faisaient leurs amis. Mais moi, je n’avais que Khan, qui dès le départ m’avait montré à quoi je pouvais m’attendre. Même si maintenant j’avais confiance en lui, ce toutou m’avait accueillie d’une façon très… sauvage, je devais dire. Je me tournai vers Erylis.

« Si vous aimez les Pokémon, j’ai beaucoup de livres chez moi. Ils appartenaient à ma mère, elle était biologiste. Ils vous intéresseront peut-être. Puis, je dois bien vous remercier de m’avoir autant aidée ! »

J’étais sincère. Je voulais la remercier, mais je ne pouvais probablement rien lui apporter. Alors si consulter ces tas de poussières que je n’avais encore jamais ouverts pouvait lui faire plaisir, autant que je le lui propose. Je regardai Aaron.

« L’invitation est pour tout le monde. Si mon Arcanin vous laisse entrer. »

Dire « mon » Arcanin faillit fourcher ma langue. Considérais-je vraiment ce Pokémon comme étant le mien ? Légalement il l’était, et selon lui, il l’était aussi. Mais moi, étais-je vraiment prête à une telle responsabilité ? Je m’en étais bien occupée, jusqu’ici. Mais je sentais bien qu’il n’avait pas assez d’activités, par exemple, car il devenait grassouillet, et ses poils étaient moins flamboyants. Je devrais un jour regarder la farde le concernant, j’en saurais certainement plus sur sa race et la façon de l’entretenir. Bref, je m’égarais. Erylis déposa les couteaux des derniers venus en précisant qu’ils étaient d’une mauvaise qualité. Elle était connaisseuse, visiblement. Moi, j’avais ma propre lame, que j’avais oublié dans ma voiture – non, ce n’était pas mon soir. Et je ne voulais pas de ces choses.

« Je n’en ferai rien, merci… »

Dis-je en regardant les armes. Ma blessure me faisait toujours mal, mais j’y pensais de moins en moins. Le sang avait commencé à arrêté son écoulement, et c’était tant mieux. Avec un peu de chance encore, je ne devrais pas aller à l’hôpital. J’avais horreur de ces centres. Je regardai mon bras, qui avait maintenant une large entaille refermée par une croute de sang séché. Ce n’était pas très joli, mais au moins ça ne saignait plus.
Aaron reprit la parole en demandant depuis combien de temps Erylis et moi avions emménagé ici, et si nous avions entendu parler de choses étranges survenant la nuit. Je songeai à plein de choses. Les bruits de la jungle, derrière chez moi, notamment. Je n’avais jamais rien vu en soi, mais je n’avais jamais cherché à faire attention non plus. Puis, toutes ces mises en garde que j’avais reçues, les conseils de Nina, les disparitions dans les journaux dont je voyais les titres en allant acheter des cigarettes, et… Malicia, qui m’avait déjà évoqué des choses assez étranges. Je secouai légèrement la tête pour éviter de dériver trop loin dans mes pensées.

« Je suis ici depuis deux ou trois semaines. Comme j’ai dit, j’habite près de la jungle. Enfin, juste avant le canyon. Alors des choses étranges… bah oui, j’entends des cris tous les soirs. Mais ce sont peut-être juste des cris de Pokémon, je ne sais pas trop. »

Je songeai alors aux notes de ma mère. Elle racontait qu’elle avait vu un Pokémon inconnu, ressemblant à un canidé, noir. Cette créature lui semblait beaucoup trop étrange. Elle l’avait même dessiné, il était effrayant, surtout ses yeux. J’avais beau me demander où j’avais vu ce regard, j’étais incapable de m’en souvenir. Puis je repensai aux circonstances mêmes de sa mort. Nina m’avait un peu expliqué la situation après que je l’ai presque menacée. Même Khan semblait soucieux suite à cette histoire. Je regardai Aaron tout en y réfléchissant, puis j’extrapolai ma phrase.

« Tu dis ça pour les disparitions ? J’en ai entendu parler. Pour tout dire, c’est arrivé à ma mère. Un matin, il n’y avait rien d’autre que du sang dans la maison. Pas de corps, rien du tout, elle avait tout simplement disparu. Et ce qu’ils ne disent pas dans les journaux, c’est ce que c’est trop violent pour être l’acte de fous dangereux, aussi sauvage puissent-ils être. »

C’était ce que Nina, la dame qui habitait plus loin dans ma rue, m’avait raconté. Elle avait aussi ajouté que Khan avait disparu plusieurs jours après cet événement, et qu’elle l’avait finalement retrouvé revenant par le canyon, sale et couvert de sang. Bien sûr, il n’était pas l’auteur du meurtre supposé de ma mère, sans doute avait-il voulu la protéger en bon gardien qu’il était.

Le jeune homme se mit alors sur ses gardes, sortant un révolver tout en précisant que quelque chose nous observait. Encore ces ivrognes ? Je ne pensais pas. J’avais moi aussi cette étrange sensation, cet instinct de conservation que me criait de prendre mes jambes à mon cou, surtout après les premiers événements de la nuit. Je regardai autour de moi également, consciente du fait que je ne pourrais de toute façon rien faire en cas d’attaque. Je jetai un œil à Erylis et son Suicune, essayant de me rassurer par leur présence. Et non, je n’étais pas choquée de voir un homme portant une arme. Là d’où je venais, c’était courant.

Soudain, la pluie s’arrêta. Nette, d’un coup. Je regardai le ciel, qui était toujours aussi noir et dont les éclairs zébraient toujours l’étendue. Je regardai chacun de mes interlocuteurs. J’étais moi aussi sur mes gardes, à présent.

« Le calme avant la tempête… ? »

Dis-je sans y réfléchir. Je voulais souligner, une fois de plus, que quelque chose d’étrange se préparait. Mais ce n’était pas avec mes capacités de pauvre mortelle venant d’une grande ville que je pourrais déceler quoique ce soit de plus…

[Je relirai pour les fautes d'ici peu, en attendant, veuillez m'excuser s'il y en a ^^' . Désolée du retard, 'suis toute stressée et toute bloquée du coup =S...]

Erylis sourit au compliment. Fantastique... C'était Spencer qui la décrivait ainsi. Erylis sursauta. Spencer... Cela faisait déjà plus d'un an qu'ils ne s'étaient pas parlés. Quelques mois qu'il avait réellement disparu de sa vie. La jeune femme émergea de ses pensées lorsque Nami reprit la parole. Des livres ? Hm. Erylis n'avait pas besoin de livres, elle apprenait directement auprès des Pokémon. Mais pourquoi ne pas aller voir, un jour ? Peut-être ces lectures pourraient-elles être bénéfiques. Ainsi, Nami avait également un Arcanin ? Erylis s'adressa à la jeune femme :

Tiens... Pourquoi pas, Nami. J'ai également un Arcanin à mes côtés... Sayanel.

Erylis reporta son regard sur Suicune. Ce dernier s'approcha de la jeune femme. Il paraissait aux aguets. Le regard méfiant, grognant légèrement. Ses yeux scrutaient la nuit. Erylis se fit encore plus vigilante et attentive aux bruits. Aaron prit alors la parole pour poser quelques questions aux deux jeunes femmes. Des choses étranges ? Effectivement, l'on parlait parfois de disparitions. Voyons... Erylis avait sauvé une jeune fille d'un homme qui l'agressait. Atalée. Mais cette dernière se promenait avec de l'argent bien en main, lorsqu'elle s'était faite agresser. Ça n'était pas étonnant.

Je suis ici depuis deux semaines. À part les disparitions régulières, rien.

Erylis se tut alors. Elle se sentait épiée. Aaron aussi, et l'annonça d'une voix calme avant de porter la main à son arme. La jeune femme et Suicune s'avancèrent d'un pas, tous les sens aux aguets. Déjà, la main d'Erylis était prête à dégainer un poignard. Deux yeux brillèrent dans l'obscurité. Deux yeux de chat. Erylis aperçut une lumière vacillante émanant d'une lanterne. Elle put constater que le regard de chat appartenait à un Persian. Et ce Persian avait l'air de la connaître...
Elle aussi le connaissait.
Mais ce n'était pas possible.
Lui, ici ?
Une grande silhouette élancée fut éclairée par la lanterne, un jeune homme à la peau claire, et aux yeux extraordinairement bleus. Un regard qu'elle reconnaîtrait entre mille... Erylis s'avança vers le jeune homme, lentement. La jeune femme n'en croyait pas ses yeux.

Spencer...

Le jeune homme sourit et écarta la mèche brune qui tombait sur ses yeux. Il se rapprocha d'Erylis, lui prit les mains. Le cœur de la jeune femme battait à tout rompre. Les lèvres du jeune homme cherchèrent celles d'Erylis... Mais cette dernière le repoussa, presque à contrecœur. Elle lui offrit un sourire triste et gêné, tandis que le regard de Spencer s'emplissait d'amertume :

Ah, je suis désolé. Tu ne m'aimes réellement plus. Ce n'est pas grave, ce n'est pas grave !

S'exclama le jeune homme comme s'il tentait de se convaincre lui-même. Erylis n'eut pas le courage de lui dire qu'elle ne l'avait jamais aimé. Qu'elle avait cru l'aimer. Sa main fine vint se glisser dans celle du jeune homme qui sourit :

Je suis venu... T'annoncer une nouvelle. C'est grâce à Lahira que j'ai pu savoir où tu te trouvais, mon Erylis.

Fit le jeune homme sur un ton affectueux. Erylis soupira. Suicune vint se poster aux côtés de son amie. Spencer écarquilla les yeux et se reprit :

Suicune... Eh bien. Cela ne m'étonne pas, curieusement.

Que veux-tu m'annoncer ?

Demanda Erylis plus brutalement qu'elle ne l'aurait voulu. Elle était heureuse de retrouver Spencer, mais il avait changé... Le jeune homme était devenu prétentieux, sournois. Cela se lisait sur son visage. Ce n'était plus le Spencer qu'elle avait connu, malheureusement... Que lui était-il donc arrivé ? Le jeune homme désigna alors Nami et Aaron :

Eh bien... Si tu me présentais ces gens, d'abord ?

C'était certain, Erylis ne pouvait plus supporter Spencer. Elle aurait besoin d'y réfléchir, plus tard. À ce qui avait bien pu lui arriver. À leur amitié brisée. Au lien qui ne pouvait plus exister entre eux, désormais. La jeune femme revint vers Nami et Aaron, ne sachant plus quoi penser :

Je te présente Nami Nishabi et Aaron Reiden. Aaron, Nami, je vous présente Spencer Ima, un... Ami d'enfance...

Le regard de Spencer s'était fait haineux, brûlant de rage. Il toisait Aaron comme s'il voulait le tuer. Erylis s'interposa entre Spencer et Aaron. Spencer ramassa l'un des couteaux des agresseurs précédents. Une flamme effrayante brûlait dans son regard :

Écarte toi, Erylis. Cet homme est un braconnier. Il a tué des Pokémon. Il doit mourir ! Écarte toi !

Erylis n'eut pas le temps d'assimiler ces révélations. Sa jambe se tendit, tournoya dans l'air pour venir frapper violemment Spencer dans le ventre. Le jeune homme vola à terre et Suicune vint le clouer au sol, et lui arracher le couteau des mains. La jeune femme s'approcha, furieuse :

Tu n'as pas à juger les gens, Spencer ! D'ailleurs, le présent est aussi important que le passé, voire plus. Tu agis sans réfléchir, tu voulais le tuer ! Le Spencer que je connaissais n'existe plus.

Acheva la jeune femme, la gorge nouée. Spencer se releva et se jeta sur Aaron en poussant un cri de bête...

[Vous pouvez faire agir Spencer et le faire parler mais respectez juste cela : il ne parle pas en langage familier et va se montrer relativement virulent envers Aaron dans ses paroles. ^^]

Sans dire un quelconque mot, Aaron continuait de les écouter, vaguement sous la pluie battante. Les deux jeunes femmes discutaient pendant quelques minutes, jusqu'à que cette discussion tourna jusqu'à une invitation de la dénommée Nami à la Princesse Erylis, pour venir chez elle, pour « lire des livres » sur les Pokémons, c'est à dire se documenter. Effectivement, la jeune femme qui possédait ce Suicune comme partenaire, semblait être très proche des Pokémons, et vice-versa, étant donné qu'un Pokémon Légendaire l'avait volontairement rejointe. Cela était forcément le signe qu'elle sortait de l'ordinaire, et au vu de la manière dont elle avait ridiculisé ses assaillants tout à l'heure, il n'y a pas vraiment de quoi être surpris. Ce qui surprit légèrement Aaron en revanche, c'était que Nami lui avait également proposée de venir. C'était sans doute de la simple politesse. De toutes manières, il n'allait pas les embêter en venant de manière inopportine. Surtout lorsque la jeune femme termina sa phrase, en disant « seulement si son Arcanin le laissait entrer ». Une raison de plus pour décliner cette offre généreuse.

« Je vais rester à l'écart, votre Arcanin risque d'être méfiant. » répliqua le jeune homme aux yeux bicolores.

Et puis bon ... à vrai dire, les Pokémons, avaient beau être des êtres fascinants, mais il ne s'intéressait pas tellement à eux. Pas autant qu'il aurait pu. Pas autant qu'il aurait aimé. Mais, ainsi est faîte la vie, elle lui a fait prendre une direction qu'il n'aurait pas réellement souhaité. Mais bon, Aaron n'allait pas rester là à se lamenter sur son sort. Il n'en avait pas l'habitude, et ne la prendra jamais, du moins se le disait-il. Pour faire quelque chose, il faut déjà en être convaincu intérieurement, n'est-ce pas ? Ou du moins, faire quelque chose avec fermeté, en tout cas. L'hésitation et le doute ne sont pas permis. Quant à Erylis, elle annonça un simple « Pourquoi pas » qui pourrait laisser planer le doute. Du moins, il semble que l'invitation de la jeune femme dénomée Nami fut en partie acceptée par l'étrange princesse qu'était Erylis. C'était déjà un bon point, non ?

Un autre point allait devenir le sujet de la conversation, initiée par le jeune homme tout de noir vêtu. Cette discussion, tournait alors sur les phénomènes étranges, qu'auraient pu connaître les jeunes femmes sur Yokuba. (Enfin, au préalable, c'était tout de même la durée du séjour des deux jeunes femmes à Yokuba) Aaron visait bien les disparitions plutôt mystérieuses, par ces propos-là. Nami trouva rapidement sur ce quoi voulait en venir le jeune homme, et commença à raconter une histoire plutôt ... intrigante. Celle de la disparition de sa mère, lors d'une sanglante attaque d'un ennemi inconnu. Une attaque bien trop violente pour qu'elle fut l'oeuvre de fous. Une attaque bien trop violente pour qu'elle fut l'oeuvre d'êtres humains ... C'était étrange, tout de même. Aaron fouilla un instant dans sa mémoire, pour se remémorer un éventuel indice quant à cette histoire. Mais non, il n'en avait pas entendu parler, pas une fois. C'était aussi simple que cela. Est-ce que cette attaque pouvait être liée aux récentes disparitions ? Aaron revint, après un court instant où il était un peu perdu dans ses pensées, à la réalité. Il avait oublié quelque chose.

« Excusez-moi. Je ne voulais pas vous rappeller de douloureux souvenirs. » annonça le dernier survivant de la famille Reiden.

En effet ... il n'avait pas encore apperçu cette aspect là de la discussion. Il ne l'avait pas vu immédiatement, mais maintenant, il s'était excusé. Lui-même n'aimait pas qu'on puisse le rappeller ses déboires du passé, alors il évite soigneusement de le faire avec les autres, dans la mesure du possible. Et si les circonstances y sont favorables. De même, cela ne concerne pas toujours tout le monde, mais les personnes dénuées d'agressivité envers le jeune homme. Oui, Aaron est tout à fait capable de se montrer très désagréable, hautain et méprisant envers n'importe qui, s'il doit en arriver là. Et cela est déjà arrivé plus d'une fois. Des hommes pas forcément très amicaux, en sont les exemples les plus courants. D'ordinaire, il n'y a même qu'eux. Mais des jeunes enfants qui le dérangeraient de manière excessive, subiraient également une légère pointe d'irritation de la part du jeune homme aux yeux bicolores. Mais l'heure n'était sans doute pas propice à toutes ces réflexions sur lui-même. Erylis, quant à elle, nota qu'à part les récurrentes disparitions, il n'y avait rien. Oui c'était bien ça, dont Aaron voulait parler. Les disparitions. Mais il fut rapidement dérangé dans ses songes, par une sorte de présence, qui rôdait dans les environs. Pas forcément quelqu'un de très mal intentionné, mais une présence tout de même. Son arme à la main, Aaron avait déjà prévenu les deux jeunes femmes, d'un éventuel ennemi qui frapperait dans les minutes à venir. Nami souligna ce calme presque inquiétant, tandis qu'Erylis et son Suicune montraient davantage de signe de méfiance. L'atmosphère était devenu lourd. Une paire d'yeux finit par apparaître dans la nuit. C'était ... celle d'un Persian, tandis qu'une autre ombre ne tarda pas à suivre le petit quadrupède. Enfin, il était quand même grand, pour un chat. L'ombre ? C'était celle d'un homme, qui fit un effet immédiat sur Erylis, puisque celle-ci s'avança vers lui. Hm ? Aaron s'interrogea l'espace d'un instant, il s'agissait d'une de ses connaissances ? Visiblement, en tout cas. Ils montrèrent des signes d'affection, mais Erylis sembla tout de même gênée, et refusa les lèvres de son ami. Comment l'avait-elle appellée, déjà ? Sp ... Spencer, c'était ça. Spencer. Aaron baissa alors son arme. Si c'était une amie de la Princesse, il ne devrait pas y avoir trop de problèmes, non ? Du moins, il l'espérait. L'heure était désormais aux présentations. Erylis donna donc le nom de son ami et vice-versa. Soudainement, le dénommé Spencer changea d'humeur. Et de manière radicale, il fusilla littéralement Aaron du regard. Ce dernier était perplexe. Qu'est-ce qu'il voulait, celui-là ? Le jeune homme aux cheveux bleus ne bougea néanmoins pas. Son arme était toujours baissée. Mais les choses s'échauffaient, hein ? D'ailleurs, pourquoi ça ? Il n'avait rien fait sur ce coup là ... tss. Fatiguant.

« Cet homme est un braconnier. »

Voici des paroles qui restèrent un petit instant dans l'esprit d'Aaron. Braconnier ... oui et non, hein ? Tout cela lui rappelle davantage, tout ce qui s'était déroulé, dans sa jeunesse. Dans sa jeunesse si parfaite ... pff. Aaron demeura néanmoins stoïque, se contentant de regarder son assaillant d'un air neutre, de ses yeux bicolores. Erylis frappa soudainement son « ami d'enfance », tandis que son Suicune s'empara des armes de ce dernier, à savoir les poignards qui étaient restés au sol. La Princesse le sermonna vivement, mais ce dernier ne semblait plus écouter ses remarques, puisqu'il bondit tel un fauve sur sa proie, faisant donc chuter Aaron avec lui. L'arme que l'ex-braconnier tenait à la main tomba également sur le sable de la plage. Spencer assena alors un violent coup de poing orienté vers le visage d'Aaron. Ce dernier para son coup, tant bien que mal. Après quelques secondes, le dénommé Aaron parvint à repousser son adversaire à quelques emcablures de lui. Spencer se releva rapidement, toujours peu amical envers l'homme de noir vêtu.

« Les monstres de ton genre ne devraient pas exister ! Tu vas être puni. Par ma main, pour les crimes que tu as commis, Aaron Reiden ! » souffla le dénommé Spencer, d'un ton qui traduisait toute sa colère.

Aaron était figé devant lui. Eh bien ... s'il avait su, que huit ans après, quelqu'un viendrait pour tenter de lui faire payer ses crimes ... bon.

« Tu es plutôt bien renseigné, visiblement. » rétorqua machinalement Aaron. « Mais je n'en ai à rien à faire, de ta colère. » conclu le dénommé Aaron mettant la main à sa poche ... pour ne rien trouver. C'est vrai qu'il n'avait plus de cigarette.

La rage qui se lisait sur le visage de Spencer n'en était que plus accru. Cet homme qu'il avait en face de lui dépassait les bornes ! Aaron en était d'ailleurs conscient. Mais bon.

« Je pense que j'ai suffisamment payé mes erreurs, et celles des autres maintenant. Tu peux rentrer chez toi. » fit Aaron, sur un ton plus irrité et méprisant.

Visiblement, Nami avait vu juste: c'était bel et bien le calme avant la tempête. Quant à Aaron, la prochaine fois, il se montrera plus méfiant quand un ami d'une personne qu'il trouvait relativement sympathique viendra. Mais, on apprend de ses errzurs, n'est-ce pas ?

[Désolée du retard !]

Je pris une grande inspiration pour calmer la douleur qui me malmenait le corps. Cette entaille que ce soulard m’avait faite me faisait horriblement mal, comme si la lame continuait à s’enfoncer à l’intérieur. Enfin, cela passerait de toute façon, il suffisait que je cesse d’y penser.
Après mon explication sur la disparition de ma mère, Aaron, de son air toujours aussi stoïque, s’excusa de m’avoir rappelé de mauvais souvenirs. Je souris. J’étais toujours amusée de cette situation. Était-ce donc si étrange de n’avoir pas connu sa famille ? Ma génitrice était et resterait à jamais une étrangère pour moi. Alors certes, même si je n’aimais pas me l’avouer, j’étais une grande sentimentale. Mais je ne pleurerais pas les circonstances de la mort d’une personne que je ne connaissais pas, qui ne me manquerait pas plus suite à cela. Je regardai le jeune homme.

« Pas de problème. »

Fis-je simplement. L’heure n’était plus aux explications des événements étranges qui se déroulaient à Yokuba, et plus particulièrement à Shi. Non, la nuit s’avançait de plus en plus, les environs étaient noirs de jais, le ciel également. De puissants éclairs continuaient à zébrer le ciel de temps à autres, éclairant nos visages de flashs. Mais ces vives lumières ne nous révélaient pas la raison de notre stress collectif. Quelle était donc cette chose qui nous épiait ? Que chacun de nous avait ressentie ? Qui alarmait autant le grand Pokémon bleu aux côtés d’Erylis ? Je regardai ces derniers, puis regardai Aaron. Une princesse guerrière, un Pokémon gigantesque, un homme armé, je devais être en sécurité, techniquement. Je ne pourrais rien faire en soi, de toute façon. Et même si je l’avais voulu, ils m’auraient tous les trois devancée.

Soudain, enfin, l’atmosphère lourde qui nous avait envahis depuis peu prit un sens. Au loin, s’approchant en oscillant de gauche à droite, la lueur d’une lanterne. À ses côtés, deux yeux relativement proches du sol, dont les pupilles formaient des amandes. Au fur et à mesure que ces deux petites sources lumineuses approchaient, je pus reconnaître deux silhouettes. La première, celle des yeux, se dessina en félin au pelage assez clair, et aux yeux de chasseur. Je ne pus pas déterminer le nom du Pokémon, mais je reconnus l’évolution de Miaouss. Tout à côté, une forme plus humaine s’anima. C’était un jeune homme, aux cheveux bruns tombant en mèches, et aux yeux bleus. Une couleur fort perçante, presque surnaturelle, un peu comme ceux d’Erylis.

Les deux compères s’approchaient d’un pas assuré, lorsque je vis Erylis frémir. Elle se dirigea vers eux, comme si elle les connaissait. Sans aucune menace dans ses gestes, sans grande méfiance, pas comme elle avait eu jusqu’ici. Elle semblait néanmoins hésitante. Elle prononça un mot que je ne compris pas, tout en s’avançant vers le jeune homme. Ce dernier lui prit les mains. Ils se connaissaient donc. Je restai en place, à observer la scène. C’était apparemment un moment d’émotion intense pour les deux jeunes gens. Je regardai brièvement Aaron, qui restait fixe lui aussi. Soudain, le jeune homme avança dangereusement son visage vers celui d’Erylis, mais celle-ci le repoussa doucement, à la fois confiante et gênée. Un ancien amant, alors ? Son amoureux s’excusa, de ce que je compris, et parla d’une nouvelle à annoncer à la jeune femme. Mais il marqua d’abord son intérêt de voir le Pokémon Suicune aux côtés de la belle. Il ne fut pas surpris, contrairement à Aaron – et moi-même. Venait-il de la même forêt enchantée qu’elle ? C’était sans doute l’explication la plus probable – enfin, sauf pour le côté enchanté.

Prise dans mes pensées, je ne réalisai pas qu’Erylis se rapprocha avec l’autre protagoniste. Elle nous présenta, Aaron et moi, à son ami, qu’elle dénomma Spencer. Elle le qualifia comme étant un ami d’enfance, mais son ton, sa voix tremblante, son regard fuyant en disaient long sur ce que ce Spencer avait pu être pour elle. D’autant plus qu’il avait cherché à l’embrasser, peu avant. Cependant, je ne pris pas le temps de relever, car peu après qu’elle ait terminé sa phrase, le visage de son « ami » se métamorphosa. Désormais, le jeune homme posé et apparemment noble qui était devant nous, était devenu un sale type au regard noir et au ton rageur. Il ramassa une des lames qu’Erylis avait jetées au sol et tenta de se jeter sur Aaron. Je m’écartai par réflex, ne comprenant pas vraiment ce qu’il se passait. Mon geste trop brusque me fit valser au sol à cause de la douleur irradiante provenant de mes côtes. Je continuai néanmoins à observer la scène. Que pouvais-je faire d’autre ? Erylis s’interposa, l’envoya au sol, et Suicune le désarma. Néanmoins, Spencer ne manqua pas de se relever aussi sec. Peu avant, il précisa qu’Aaron était un braconnier, un tueur de Pokémon. Vu le respect d’Erylis et apparemment, de ce jeune homme pour ces créatures, je comprenais sa réaction virulente. La jeune femme resta néanmoins très sobre et respectueuse dans ses réactions lorsqu’elle lui fit comprendre que le passé était passé.

Un braconnier, hein ? Pourquoi pas, cela devait forcément se faire. Qui étais-je pour juger ? Chacun gagnait sa croute comme il le pouvait, après tout. Et Aaron ne semblait pas avoir ça dans le sang, ni être un stupide chasseur, sinon il aurait tenté d’abattre le Suicune de la princesse.
Il fallut peu de temps à Spencer pour se jeter à nouveau en direction du « braconnier ». Erylis ne semblait pas réagir comme elle avait agit avec les autres agresseurs. Sans doute des sentiments, dus à leur relation passée, la trahissaient et l’empêchaient d’agir avec discernement. Aaron, lui, ne semblait pas craindre le danger. Sans doute Spencer n’était-il pas aussi fort que son amie, et il valait mieux. Néanmoins, il fut malmené au sol par l’assaillant, et en perdit son arme à feu. Après des mouvements ajustés, il dégagea néanmoins l’autre homme et se releva. Il resta impassible et froid, et le toisa. Ses paroles et son expression trahirent un passé douloureux et mal encaissé, qui resterait toujours gravé dans sa mémoire. Peut-être avait-il braconné sans le vouloir ? N’avait-il pas le choix ? C’était sans doute ça.

Quoiqu’il en soit, j’avançai doucement, à quatre pattes, en direction d’Aaron. Je récupérai son arme. Je détestais ce type de joujou, mais je savais m’en servir. Plusieurs personnes m’avaient enseigné son maniement, et je n’étais pas trop mauvaise. Ma visée était approximative mais j’agissais très vite. Bien que je n’aie jamais voulu utiliser un pistolet, cette soirée était tellement étrange que j’avais fait ce geste malgré moi. Il semblait que j’étais redevenue moi-même, c’est-à-dire confiante, et trop téméraire. Peu m’importait, Erylis était troublée, Aaron en danger, et moi je n’avais servi à rien jusqu’ici. Je me relevai d’un coup, faisait fi de ma douleur, et je pointai l’arme d’apparence un peu vieillotte en direction de Spencer. Je ne comptais pas le tuer – sauf si la nécessité s’en présentait – mais au moins, je pourrais tirer pour l’empêcher de nuire au besoin. Encore fallait-il que j’agisse assez vite, mais vu la distance qui nous séparait et l’adrénaline qui coulait dans mes veines, ce serait sans doute faisable.

« On va se calmer, hein ! Qui te dit que c’est bien l’homme que tu crois ? Et qu’il n’a pas fait ça par nécessité plutôt que par plaisir ? »

Je ne me sentais pas plus forte derrière cette arme, loin de là. J’avais juste retrouvé mes esprits. Et je ne supportais pas ce genre de type qui agresse sans même réfléchir, qui démarre au quart de tour. C’était ce qui m’emmerdait le plus chez les hommes, oui. Chez mon père, chez tous les mecs que j’avais rencontrés dans ma vie. C’était peut-être en partie pour ça que j’avais toujours été plus proches des femmes, même si parfois j’agissais comme un macho avec elle. Bref, la question n’était pas là pour l’instant, j’aurais tout le temps d’analyser mon attitude avec les autres plus tard. Pour l’instant, je tenais en joug le fameux Spencer, et j’espérais que cela suffisait à le dissuader…

[Vous pouvez faire tirer Nami si vous le voulez, ou la faire être désarmée (du moment qu'elle est pas eue comme une chochotte ^^), ou même encore la blesser, ça me va Wink

.]

[i]Erylis agrippa le bras de Spencer et tira le jeune homme vers elle. Ce dernier ne tenta pas de se débattre et plongea son regard pur dans celui intense et brillant de la jeune femme. Sans se préoccuper de l'arme qui était pointée sur son ancien amant, Erylis le fit asseoir dans le sable. Oh, Spencer allait devoir être convaincant s'il tenait à ce que son irruption ne soit pas un désastre total. Elle l'était déjà, en fait, mais la situation pouvait encore s'aggraver. Et le jeune homme le savait. Il connaissait Erylis. Il connaissait son comportement. Suicune vint aux côtés de la jeune femme, vigilant :

Spencer.

Prononça-t-elle d'une voix qui se voulait calme. Elle ne voulait pas dévoiler ses émotions. Elle ne voulait pas perdre la face devant tout le monde. Elle était solide. Et il allait l'écouter. Le jeune homme soupira, caressant la main de la jeune femme. Erylis secoua la tête. Il ne semblait pas comprendre. Et elle ne voulait plus parler de cela avec lui.

Spencer Ima, donne moi une bonne raison de ne pas me mettre en colère.

Spencer savait très bien ce que voulait dire "se mettre en colère" lorsque c'était Erylis qui le prononçait. Les colères de la jeune femme n'étaient pas anodines... Et ses lames n'étaient pas là pour faire joli. Le jeune homme ramena ses genoux contre lui d'un mouvement sage, l'air pensif et ennuyé. Erylis le fixait, patiente. Il finit par se lever, lorgnant sur le poignard qui était pointé sur son ventre, et regarda Erylis dans les yeux :

Tes parents. Tes parents, mon Erylis...

Des larmes vinrent briller au coin des yeux de Spencer. Erylis se sentit envahir par un affreux pressentiment. Ses parents. Ses parents. Que leur était-il donc arrivé ? La jeune femme serra son poignard, s'attendant au pire.
Spencer vint lui délivrer la fatale nouvelle dans l'oreille.

Erylis recula. Elle se sentit prise de vertiges, elle sentit tout basculer autour d'elle. Mais elle se ressaisit, évitant de basculer dans le sable. Ses parents.
Ses parents.
Sa maman...
Son papa...
Ses piliers. Sa base. Ses parents.

Erylis voulut s'effondrer, se recroqueviller et pleurer toutes ses larmes. Elle ne pouvait y croire. Tout son monde s'écroulait. Et pourtant.. C'était la vérité.
Ils s'étaient donnés la mort.
Pourquoi ?! Alors qu'elle avait besoin d'eux ! Alors qu'elle était leur fille ! Pourquoi les avaient-elles abandonnées, Lahira et elle ?!
Pourquoi, pourquoi, pourquoi...
Erylis revit leurs visages dans ses pensées. Elle ne les reverrait... Jamais ? Jamais ?

Erylis...

La voix pleine de compassion de Spencer permit à Erylis de reprendre le contrôle d'elle-même. Ne pas faillir devant les autres. Résister. Elle ne voulait pas de sa compassion. Et maintenant que le messager avait délivré sa nouvelle, il était à présent pour lui l'heure de partir. Il s'était déjà permis de s'en prendre à Aaron, mieux valait le congédier le plus vite possible.

Pars, Spencer.

Répliqua-t-elle sur un ton impérieux. Spencer, pris au dépourvu, faillit protester. Il se ravisa après un regard glacial de la jeune princesse et soupira. Il n'y avait plus de lien entre eux deux. Leurs deux destins n'empruntaient plus des voies parallèles. Et il fallait s'y résigner, il le savait bien. Après un long regard jeté à Aaron, Spencer siffla et un Etouraptor surgit de la nuit. Aussi vite qu'il était arrivé, Spencer disparut. Erylis n'eut même pas un regard pour elle. Enfermée dans son mutisme, immobile, elle ne réagissait plus. Suicune se tenait à l'écart. La jeune femme s'éloigna de quelques pas. Silencieuse.

[HS: Sorryyyy j'ai mit quarante ans à répondre, mais j'avais beaucoup de choses à faire ! Et, pas d'inspiration, aussi.]

La Nuit prenait une tournure plus inattendue. L'arrivée de cet homme, dénommé Spencer, éveilla des tensions qui n'avaient pas encore d'existence quelques minutes plus tôt. Aaron n'avait pas tellement l'habitude qu'on ressasse ce passé enfoui depuis longtemps. Cela n'éveillait que des mauvais souvenirs. Enfin, presque. Ils se tenaient là, face à face. La voix de Nami retentit, tandis que les regards des deux hommes se reportèrent sur elle. Cette dernière possédait l'arme d'Aaron. Il l'avait perdu, pendant l'assaut de la part de Spencer. Il faut dire que ce dernier n'y était pas allé de main morte et possédait une vraie force. Sans doute dû à un entraînement difficile dans sa jeunesse, un peu comme Erylis, puisqu'ils venaient visiblement du même lieu, inconnu à Aaron. Ce petit instant de flottement permit à la dénommée Erylis de reprendre ses esprits, et sans crier garde, elle prit le bras de son ancien amant, qui se laissa faire malgré la colère qu'il éprouvait toujours envers l'ancien braconnier qu'il venait d'attaquer. Le Passé nous rattrape toujours finalement, on ne peut pas lutter contre le Temps. C'est un combat unilatéral et perdu d'avance, alors autant l'accepter. C'était ce qu'Aaron avait fait, pendant 8 ans de sa vie. Après avoir, bien entendu, fuit pour ne pas être mis en prison pour des actes qui sortaient de sa volonté. Il semblerait néanmoins que la situation allait se calmer, et c'était tant mieux. Le jeune homme n'avait pas particulièrement envie de faire couler du sang ou de mourir ce soir. Il n'était pas sorti pour ça à l'origine. Et, il ne sortait plus pour ça, depuis un bout de temps maintenant. Aaron se dirigea calmement vers Nami, pendant qu'Erylis s'occupait de sermonner son ami d'enfance.

« Puis-je récupérer mon arme ? » demanda le jeune homme aux yeux bicolores, d'un ton calme.

Ceci dit, il se retourna vers Spencer et Erylis. Ils étaient trop loin pour qu'il puisse vraiment entendre de quoi ils parlaient. Et de toutes manières, cela ne le regardait pas. Visiblement, ce furent des choses privés. Tss. C'était un peu irritant, en un sens, de voir la situation devenir aussi houleuse. Aaron resta là, à coté de Nami. Quelques instants plus tard, il y eu comme un choc émotionnel là-bas. La discussion entre les deux amis d'enfance n'avait visiblement pas été très joyeuse. La détresse de Spencer était visible d'ici. Cette sensation contrastait avec son comportement de tout à l'heure. Ce n'est pas le même homme. Aaron lui-même, se calma intérieurement. La situation s'apaisait ... dans des larmes. Il ne comprenait pas très bien. Nami ne devait pas être beaucoup plus avancée, ah moins d'avoir l'ouïe très fine. Un simple mot pouvait néanmoins guider la discussion. « Parents. » Fut le seul terme qui fut audible au jeune homme aux cheveux bleus. Le lien pouvait être fait entre ce mot là, et les larmes de Spencer.

Erylis, elle, s'était figée. La discussion l'avait statufiée, comme si elle était plongée dans un profond trouble intérieur. Quelques secondes plus tard, elle murmura quelque chose à son ami. A son ancien ami, devrions-nous dire. Puisque ce dernier, après les mots qu'elle lui a prononcé, disparut dans la sombre nuit. Jetant un dernier regard à celle qu'il aimait. Puis à Aaron.

« Un jour, tu paieras tes crimes. » fit-il simplement, d'un ton beaucoup moins agressif et impulsif que tout à l'heure.

« C'est déjà fait. » répondit à voix basse Aaron, de sorte qu'il ne l'entende pas.

Quelques secondes plus tard, il siffla. Un Etouraptor sortit d'on ne sait où, et emporta le jeune homme ailleurs. Peut-être qu'ils se recroiseraient à nouveau. Peut-être qu'Erylis ne sera pas là pour pouvoir stopper son vieil ami. Et peut-être que la prochaine fois, le sang coulera beaucoup plus que ce soir. Tss. Le jeune homme aux yeux bicolores préférait ne pas se prendre la tête avec des suppositions idiotes. Son regard se porta sur Erylis. Cette dernière était plongée dans le silence. Elle semblait marquée, sans vouloir le montrer, et partit seule dans un coin de son coté. Même le Suicune qui l'accompagnait restait à l'écart. Ce qui a été dit devait être suffisamment grave pour pouvoir la plonger dans un pareil état. D'un autre coté, Aaron ne connaissait que très peu cette jeune femme, alors tomber dans des conclusions hâtives serait sans doute mal venu. Son regard se reporta sur Nami, à coté de lui.

« Si vous pensez qu'il faut aller lui parler, allez-y. Je ne sais pas consoler les gens, encore moins les femmes. » fit le jeune homme.

Et puis, il lui semblait qu'un certain lien avait été noué entre Nami et Erylis. C'est sans doute elle qui était le plus apte à aller discuter avec celle qui a fait partir Spencer. Qui plus est, c'est un peu de la faute d'Aaron, si le lien entre Erylis et Spencer a été brisé. Alors, mieux valait ne rien dire, pour l'instant du moins. Le jeune homme partit s'asseoir sous les parasols, oubliant un petit peu cette histoire. Si c'était possible.