Un dilemme de sang royal.

Une fois de retours sur Yokuba, mon dresseur et moi avions fait au plus vite pour apporter Tutankafer au centre pokémon. Le jeune humain avait emporté Fire Breath, visiblement impatient de le montrer à sa partenaire. Le maganon était d’une sale humeur, mais les parois de son piège ne cédaient pas à ses puissants coups de poings.

Sur les lieux, je ne perdis pas une seconde et suivit l’infirmière Joëlle, qui m’avait permise de rester en compagnie de mon ami sous réserve de ne pas le perturber. Durant d’interminables heures de soins, patientant derrière une porte à observer les moindres faits et gestes de la femme et de son pokémon. Tutankafer ne bougeait pas, les yeux fermés. Je me rendais compte, pendant ce moment d’isolement que j’étais terrifiée à l’idée de le perdre ! Cette révélation fut comme une sorte de coup de fouet qui flagella mon esprit. Un sentiment étrange s’immisça au fond de moi, bien que le ressentait depuis un moment, je n’avais jamais voulu me l’admettre mais…j’aimais Tut’ !

- Non, c’est…c’est impossible ! Chuchotais-je en fronçant les sourcils. Je me détournais de la salle d’opération, essayant de chasser mes pensées, en vain. Je savais bien qu’un jour ou l’autre, j’aurais décidée de jeter mon dévolu sur le pokémon de mon dresseur, mais, je ne m’attendais pas à ce que ce soit maintenant ! Qu’allait en penser ma famille ?! Je ne devais pas aimer un sang non-royal ! C’était la seule règle que l’on m’avait imposée pour aimer, et je n’ai même pas été capable de la respecter ! Honte à moi !

« Il ne faut pas que je lui dise ! Je ne dois pas le dire, pas maintenant ! Peut-être est-ce passager, sans doute que je trouverais un autre mâle bien plus beau et gentil ? » Pensais-je.

Je me confortais donc dans cette idée quand l’infirmière sortit de la chambre de Tutakafer et m’apostropha :  

- Tu peux venir voir ton ami, si tu veux. Me sourit-elle.

Sans plus tarder, je pénétrais à mon tour dans la pièce remplie d’objets et de médicaments. Cela était amusent, l’ors de notre première rencontre, c’était moi, qui était vautrée dans ses draps, entourée de toutes ces machines bruyantes, aujourd’hui, c’était le contraire…quelle ironie…

Je m’approchais avec précaution de Tut, pour ne pas le brusquer, au départ, il n’avait pas l’air très enthousiaste, mais quand il me découvrit, un large sourire illumina son visage. Je le lui rendis.

- Ça va ?Lui dis-je d’une voix douce. Tu te sens…mieux ?

J’avais très envie tout lui dire d’une traite, mais je me retenais, de peur de le stresser. Je me contentais de caresser son visage, se que j'aimais tellement faire.

*Récit de Tutankfer*

*BIP BIP BIP*

Je fut tiré de mon sommeil par le son agaçant d'un espèce de tintement continu.

*BIP BIP BIP*

Entrouvrant les yeux, je constatais que je me trouvais dans ce qui semblait être une chambre d'hôpital. Ho la poisse, je m'étais donc blessé? En rassemblant mes souvenirs je me remémorais le combat contre Maganon qui avait faillit me coûter la vie. Je m'étais senti trop sûr de moi, du coup j'en avais été imprudent.

Une voix féminine et délicate attira mon attention:
-Ca va tu te sent mieux?

Tournant la tête, je vis le magnifique visage d'Hames. Elle me souriait tendrement. Je lui rendit son sourire et me mit à rougir involontairement lorsque je sentis qu'elle me caressait la joue. Elle était si belle!!! Mon rythme cardiaque s'accéléra, malheureusement je fut trahis par la cadence du moniteur. *Bip, bip, bip, bip, bip* Je ressentit une folle envie de détruire la machine dont s'échappait ce fichu son de plus en plus agaçant. Je me sentais horriblement frustré.

Il fallait que je réponde à la question d'Hames pour la rassurer sur mon état. J'en avais la force mais je redoutais de bégayer ou de paraître ridicule. Elle avait le don de me déstabiliser.

Rassemblant tout mon calme je lui répondit le plus tranquillement possible: "-Hum oui ça pourrait aller mieux."

Ensuite en me redressant sur mon oreiller j'inspectais les alentours de la pièce. Nos dresseurs n'étaient visibles nulle part. J'étais donc à nouveau seul en tête à tête avec la tutankafer de mes rêves; comme lors de la nuit dernière lorsque nous nous étions révélés nos véritables apparences l'un à l'autre en sortant de nos sarcophages.

Me remémorant les courbes de la silhouette parfaite de ma compagne je sentis mon visage se réchauffer alors que mon rythme cardiaque s'emballais... Agacé par mon embarras je soulevais mes 4 mains sur mon masque pour cacher le trouble de mon expression.

Si seulement j'osais lui dire... Pourquoi m'était-il si difficile de trouver les mots?

Tutanfafer se tourna vers moi. Puis, il me sourit, rougissant sous l’effet de ma caresse. J’avais envie de rire, car je trouvais ça amusent, mais de peur qu’il pense que je moque de lui, je me tus. La chose bruyante dont j’avais déjà fait connaissance se mise à parler plus vite.

"-Hum oui ça pourrait aller mieux." Me répondit mon semblable.

Il avait l’air vraiment perturbé par ma présence…Peut-être devrais-je le laisser tranquille et attendre qu’il sorte d’ici avec James ? Le mâle se mit alors à étudier les lieux du regard. Quand il réalisa que nous étions seuls, il était pensif. Je le regardais faire sans bouger quand il afficha un rictus bizarre, limite…excité ? Je n’eus pas le temps d’analysé correctement son expression car il se couvrit le visage de ses quatre mains.

- Je suis heureuse de voir que tu t’en es remis. Lui souris-je, en espérant que ce qu’il faisait ne venait pas d’un problème mental causé par Fire Breath. Je m’étais vraiment inquiétée pour toi, tu sais…

Je marquais une petite pose, ce que je m’apprêtais à dire allait avoir des répercussions sur mon futur et peut-être sur celui de Tut. Ma réflexion fut interrompue par la machine branchée à ce dernier. Je voulais la détruire, mais je me contentais de garder mon calme.

- Tut’, je…je voulais te dire quelque chose, c’est important. Tu sais que…Je suis une princesse et qu’il est possible qu’un jour, je doive partir. Quitter l’équipe, tu vois ? (Nouvelle pose) Alors quoi qu’il arrive, je veux que tu saches que je vois en toi une personne admirable qui me fait beaucoup pensée à l’homme que j’ai aimé de mon vivant. (Je baissais les yeux, honteuse.) Cet homme se nommait Resmes I, mais tout le monde l’appelait Ismaël…(J’eus un petit rire nostalgique) Ce Pharaon était doux, courageux, téméraire et prêt à tout pour moi. Un peu comme toi, en fait. Seulement, il avait beau se donner tout le mal du monde pour me faire plaisir, mais je n’avais pas eus intelligence d’oublier mon statut de reine pour lui consacrer du temps…Ho, tout le temps où nous avions été ensembles, je l’ai torturé mentalement, lui ait fait énormément de mal, j’ai littéralement brisé son cœur en un milliard de petit morceaux. Si bien qu’il en est mort, sans laisser d’héritier derrière lui. La lignée Resmes s’est éteinte en même temps qu’Ismaël. Tout ça parce que je n’ai pas eu le courage de lui dire juste deux mots : « Je t’aime ».

Je fermais les yeux. J’attendis un petit moment, afin que les larmes qui perlaient mes yeux sèchent.

- Je ne veux plus commettre la même erreur ! Alors, pour lui faire honneur, pour lui prouver que sa mort n’a pas été vaine et la leçon assimilée, j’ai décidé de ne plus jamais faire souffrir ceux que j’aime.

Il y eut un long silence, je ne savais pas si Tutankafer avait bien compris de quoi je parlais. Je le regardais fixement. Je mourrais d’envie d’en venir à la conclusion mais je sentais que l’embarras abordait mon esprit. Je me sentais très bête à présent…J’eus un léger rire gêné.

- Tut’, si je te sors un tel monologue, c’est pour une seule et bonne raison. Cela ne fait que quelques jours qu’on se connait ! Mais j’ai tout de suite trouvée que tu étais un mâle super ! J’ai envie d’envoyer balader les lois royales et de finir mes jours à La Team Rocket pour être avec toi…

C'est dingue, j'étais à deux doigts de le dire, mais je n'y arrivais pas!

Hames me raconta une espèce de monologue concernant le petit ami qu'elle avait eu dans sa vie d'humaine et les regrets qu'elle éprouvait de l'avoir fait souffrir en se montrant trop brutale envers lui.
Par la délicatesse du ton de sa voix et l'expression d'infinie tristesse que je pouvais lire dans son regard je pouvais déduire qu'elle l'avait beaucoup aimé et qu'elle continuait à le faire par-delà la mort.

Je vis des larmes perler aux coins de ses yeux et je ressentis une très forte envie de la consoler mais par peur de paraître maladroit je n'en fit rien et me contenta de rester inerte face à elle, bouche-bée. Elle me regarda tout aussi fixement que je le faisais, un moment de silence s'ensuivit durant lequel nous nous contentâmes d'étudier le regard de chacun.

Je pouvais me sentir rougir et je remarquais qu'un léger tintement rosé commençait à apparaître sur le visage de ma "bien-aimée"... ça ne la rendait que plus belle. Mes sentiments pour elle ne faisaient que croître seconde après seconde mais plus je sentais l'amour envahir mon coeur, plus je perdais contenance en compagnie de ma belle et me sentais mal à l'aise, me mettant dans un tel état de stress que je n'arrivait même plus à articuler une réponse. J'avais presque l'impression de subir une lobotomie, c'était vraiment une sensation inquiétante. Quand elle laissa échapper un petit rire amusé, je ne put m'empêcher de penser que je devais avoir l'air vraiment ridicule.

Et puis SOUDAIN toutes mes inquiétudes furent réduites à néant lorsqu' Hames brisa le silence pesant en m'annonçant plaisamment qu'elle avait envie de finir ses jours dans la Team Rocket avec moi.

Cette révélation fit faire à mon coeur un bond gigantesque à l'intérieur de mon sarcophage, c'était exactement le genre de révélation que j'attendais; une sorte de déclaration d'amour détournée. Ne pouvant plus tenir mes sentiments pour moi plus longtemps, je craquais et me précipitais sur elle pour la serrer entre mes bras.

"Tu... tu es sérieuse Hames... tu... aimerais vivre avec moi... est-ce que ça signifie... que tu voudrais être ma compagne?"


Je m'interrompis me rappelant le début de son monologue: Tu sais que…Je suis une princesse et qu’il est possible qu’un jour, je doive partir. Quitter l’équipe, tu vois ? La phrase traversa mon esprit comme un flash mais je décidais de ne plus y porter attention et de me concentrer uniquement sur le moment présent que je voulais pleinement heureux.

N'y résistant plus, je bondis sur l'occasion pour tenter ma chance en déclarant ma flamme de but en blanc, sans réfléchir je lançais donc: "Je ne savais pas comment te le dire mais je JE SUIS FOU AMOUREUX DE TOI!!!"

"Je ne savais pas comment te le dire mais je JE SUIS FOU AMOUREUX DE TOI!!!"


Cette phrase, elle m’arriva en pleine face comme un tsunami. J’étais sûre qu’un jour, Tut’ se déciderait à me dévoiler ses sentiments, ceci dit, cette déclaration avait été vraiment directe. Pendant une fraction de seconde, mon cerveau était à l’arrêt, mesurant l’ampleur de la situation. Je sentais les bras de mon ami autour de mon corps doré. Cela était tellement rassurant de le revoir en pleine forme. Quand je repris mes esprits, je souris en l’enlaçant à mon tour.

- Je… moi aussi, en fait… . Bafouillais-je avec anxiété. Cet instant était empreint de bonheur et de complicité, autant en profiter, d’autant plus que mon choix était définitif. Père pourra dire ce qu’il voudra, je n’en ferais rien.


Je laissais Tut’ se recoucher, car il avait l’air de faiblir. Au dehors, j’entendais les pas des infirmières, à moins que ce soit James…je n’en savais rien. Je pris une main de mon aimé entre les miennes en attendant patiemment que quelqu’un vienne nous voir. En attendant, j’essayais de meubler le silence en parlant de mon passé. Une fois ceci fait, je me mit à caresser le front de Tut’ .


- Et toi, Tu te souviens de ta vie, je veux dire, en temps qu’humain ?

C'est vrai, j'en savais vraiment peut sur lui, en fin de compte.

Je fut littéralement transporté de joie lorsqu'Hamés confirma mes attentes en me répondant qu'elle m'aimait aussi mais je déchantais aussi vite lorsqu'elle me demanda de lui raconter mon passé à mon tour.

Je lui devais bien ça car elle m'avait tout expliqué de sa vie d'antan mais ma vie à moi avait été loin d'être aussi romanesque que la sienne.

J'avais juste été un petit garçon mal dans sa peau qui avait brisé le coeur de ses proches ainsi qu'un avenir prometteur en décidant à l'adolescence de devenir une racaille traînant avec les pires fréquentations possibles pour narguer mes parents.  À côté de mes agissements de l'époque, les actes malfaisants de mon maître au sein de la son organisation qu'il qualifiait "d'actes criminels" étaient comparables à "voler une sucette à un bébé".

Toujours partant pour me lancer dans les pires plans possibles, j'avais fini ma vie tué au cours du pillage d'un chantier de fouilles archéologiques... par pure "déconnade" mes "copains voyous" avaient simplement choisit de me transformer en momie vivante et m'avaient enfermé dans un sarcophage où j'ai fini par trouver la mort par manque d'oxygène.
J'avais honte de mon passé.

Je fut sauvé par la providence par l'entrée inopinée de mon maître dans la pièce. Il nous dévisagea tour à tour Hames et moi, les mains posées sur ses hanches avec un grand sourire sur le visage. En suivant la direction vers laquelle son attention se dirigeait tout particulièrement je notais qu'il avait remarqué qu'Hames me tenait la main, je ressentis un mélange d'embarras et de fierté.

"On dirait que c'est à nouveau la pleine forme pour toi mon Tutankafer. J'en suis ravi! D'après ce que je peux constate Hames a bien veillé sur toi, je ne devais pas m'inquiéter."

Quand Tut’ me dévoila les moindres détails de sa vie passée, j’eus un rictus d’amusement. Je n’en attendais pas moins de lui. Héhé, je l’imaginais bien faire des bêtises à tout-va dans l’espoir de trouver sa voie. Ceci doit, sa mort avait quelque chose de vraiment morbide. Mais bon, j’avais été empoisonnée et momifiée vivante moi aussi, donc bon…

Notre discussion pris fin quand notre dresseur entra dans la pièce.

"On dirait que c'est à nouveau la pleine forme pour toi mon Tutankafer. J'en suis ravi! D'après ce que je peux constater qu’Hames a bien veillé sur toi, je ne devais pas m'inquiéter."

Tut’ resta silencieux, visiblement tendu et partagé avec un sentiment que je ne pus décrire.

- James ! Criais-je, ravie de le revoir. Sans attendre, je le pris entre mes bras et le serra contre moi. Même si peu de temps nous avaient séparés, il m’avait manqué…je suis comme ça, très dépendante des gens que j’aime.

- Es-tu venu seul ? Demandais-je à mon dresseur, un sourire aux lèvres.